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Critique de mollymonade


En Israël, au début des années 2000, un village arabe proche de la ligne verte se réveille complétement cerné par les chars de l'armée israélienne. Personne ne peut sortir, personne ne sait ce qu'il se passe. Pendant quatre jours l'eau et l'électricité sont coupées, les vivres manquent et c'est le chaos total. Au bout de ces quatre jours les villageois découvrent le fin mot de l'histoire.
Vue de l'intérieur, cette histoire invraisemblable est relatée par un narrateur anonyme, un arabe israélien qui travaille pour un journal hébreu. Sa rédaction trouve bien pratique d'avoir sous la main un arabe à envoyer en reportage dans les territoires occupés mais depuis la seconde intifada, il se trouve progressivement mis au placard. Tout arabe est soupçonné d'être un terroriste en puissance ! Angoissé par le climat délétère, il préfère quitter Tel-Aviv et rentrer avec femme et enfant dans son village natal où il pense se sentir un peu plus protégé. Dans ce village arabe quitté dix ans auparavant, il redécouvre avec déplaisir les moeurs d'une société enfermée dans des traditions obsolètes. C'est un autre monde dont toutes les valeurs l'éloignent de la modernité et de la liberté. Pendant les quatre jours du blocus, ce narrateur qui pourrait très bien être Sayed Kashua lui -même, jette un regard terriblement caustique sur la communauté villageoise à laquelle il ne souhaite manifestement plus appartenir. Son drame est qu'il ne se sent bien nulle part, ni chez les juifs, ni chez les arabes…

J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui apporte une dimension inhabituelle à la façon dont est traité le conflit israélo-palestinien en littérature. Bien qu'il ne le dise pas, j'ai eu l'impression (mais je peux me tromper) que pour écrire ce livre, l'auteur s'est inspiré du plan Lieberman qui en 2004 proposait, en vue de la création d'un futur État palestinien, un échange de "territoires peuplés" entre Israël et l'Autorité palestinienne. Ce qui impliquait la révocation de la citoyenneté israélienne pour les arabes présents dans les zones transférées.
La situation des villageois en état de siège m'a fait penser à celle des habitants de Gaza dont les conditions de vie ne doivent pas être bien plus reluisantes que celles décrites dans ce roman...
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