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Critique de Henri-l-oiseleur


La littérature du Japon, ici décrite de ses origines au XVI°s, est un phénomène unique et surprenant : le Japon reçut l'écriture de la Chine, mais aussi la langue chinoise elle-même, et quantité de traits culturels, politiques, religieux, encore vivants de nos jours. Donc, par littérature japonaise il faut entendre à la fois littérature en langue japonaise, mais aussi littérature en langue chinoise écrite au Japon, et entre les deux langues, tous les mélanges graphiques et linguistiques possibles. Selon le public visé, l'origine sociale et culturelle des auteurs, et les genres illustrés : poésie, roman, journal, essai théologique, théâtre, telle ou telle langue, ou tel ou tel compromis entre les deux, étaient choisis. Il y a donc de grands auteurs chinois au Japon, qui ne composèrent jamais en japonais, d'autres grands auteurs en japonais, et entre les deux, toutes les configurations que le bilinguisme rend possibles. La situation rappelle un peu notre Moyen-Age, où les clercs écrivaient en latin, et les laïcs en langue "vulgaire", en langue parlée. Mais l'interpénétration des deux cultures, des deux langues, des deux littératures, semble être allée bien plus loin au Japon que dans l'Occident médiéval et renaissant.

Le livre de Shûichi Katô décrit l'évolution de cette littérature complexe en cherchant les éléments importés, les éléments indigènes, et comment ils se combinent. Il pose que les Japonais n'ont jamais rien abandonné de leur culture propre, ni des apports étrangers, en pratiquant l'accumulation plutôt que la sélection. Il ajoute que toutes les doctrines étrangères finirent par perdre au Japon leur caractère systématique et transcendant, pour être appliquées aux nécessités concrètes ou spirituelles du peuple récepteur. de l'importation du bouddhisme à celle du marxisme, il observe le même processus d'adaptation. Il semble croire à une identité japonaise fixe qui se manifesterait de manière continue au long des siècles, et il applique cette grille de lecture à tous les auteurs qu'il rencontre. Par ailleurs, ses jugements littéraires sur la poésie (sincérité), le roman (réalisme ou idéalisme), le journal intime (vécu authentique) manquent de subtilité. Les idées littéraires qu'il utilise sont vieillottes et ne témoignent pas d'une bonne connaissance des méthodes d'analyse des formes anciennes. Enfin, le lecteur doit être solidement familier de l'histoire du Japon ancien et de sa terminologie pour suivre ces pages profuses où abondent digressions et détails secondaires, sans qu'on sache exactement où l'auteur veut en venir, ni où il reprendra le fil abandonné de son paragraphe. Heureusement, il y a un glossaire en fin de volume, mais aucune carte ni aucun tableau chronologique.

Un livre précieux, mais d'une utilisation difficile à cause de ses confusions et du manque de clarté synthétique des exposés.
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