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Critique de flag_


Le Journal d'un timonier et autres récits apparaît comme un recueil qui embrasse généreusement la large palette de l'auteur Nikos Kavvadias. Journal, récit, mémoire, anecdote, nouvelle,... servies dans un très bel ouvrage (très belle couverture et mise en page soignée), les cinq parties qui composent ce recueil sont autant de facettes de l'auteur grec.
Les deux premières parties (Journal d'un timonier et Souvenirs de voyage) apparaîtront sans doute comme les plus intéressantes aux amoureux de littérature de voyage. Au-delà de la forme traditionnelle des récits de voyage, ce seront peut-être les passages qui renvoient le plus à l'auteur même, et sa relation au monde, au déplacement, au lointain et à une certaine solitude. « Je ne suis pas descendu du bateau à Port-Saïd […] Et quand le bateau est reparti, je suis resté à l'arrière, près du Loch, en regardant clignoter l'oeil énorme du phare, submergé par un chagrin énorme semblable à celui qu'on éprouve quand on laisse passer une occasion de s'enfuir... ».
Une écriture et une observation du monde comme décalées, comme de côté, de biais. Comme ces descriptions de villes, pourtant précises, mais que l'auteur ne nous montre que de loin, depuis le pont du navire. Et par delà les récits mêmes, ce qui pourra surprendre (ou dérouter, c'est selon), c'est une écriture calme, posée, sans sensationnel ni tape-à-l'oeil. Une sorte de modestie devant la mer, le monde marin et les marins eux-mêmes. Dire et écrire le monde dans une forme simple (le prologue de l'Incroyable aventure du chef d'équipage Nakahanamoko vaut à lui seul son pesant de cacahuètes).
Mais parfois, à l'image de l'adaptation cinématographique d'un autre roman de Kavvadias, Li, la modestie peut virer à la désinvolture, à l'amertume, à la résignation. « Je n'arrive pas à me comprendre moi-même. Parfois je pense que je ne suis rien de plus que Willy, le soutier noir qui ne vit que pour manger. Parfois je me dis que tout est mort au fond de moi et que mon coeur est devenu aussi sec que la paume de mes mains. »
La dernière partie du recueil proposée par Gilles Ortlieb tombera malheureusement du plafond, sans préavis. Curieusement en fin d'ouvrage, alors qu'elle s'apparente pourtant plus à une préface ou à une courte biographie, elle est pourtant est à lire absolument pour qui découvre Nikos Kavvadias, tant elle offre un très bel et intéressant éclairage, de la part d'un auteur visiblement assez proche de la culture hellénique par ses très nombreuses traductions d'auteurs grecs.
Au final, une très belle découverte, qui trouvera sans peine sa place sur les rayons de ma bibliothèque.
Remerciements aux éditions Signes et Balises, ainsi qu'à Babelio.
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