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Critique de Sachka


Sachka
24 septembre 2021

Titre sous lequel j'ai lu ce roman :
"Deux milliards de battements de coeur".

Sept jours... Sept jours c'est le temps qu'il aura fallu à Dieu pour créer la Terre et l'humanité et c'est aussi le temps qu'il aura fallu au narrateur de cette bien étrange histoire pour comprendre... Et si en l'espace de sept jours votre existence prenait un tournant des plus inattendus ? Et si certaines notions fondamentales de l'existence qui vous sont acquises depuis la nuit des temps, à tel point qu'il ne vous viendrait même plus à l'esprit de les contester, vous apparaissaient sous un jour nouveau ?

Aujourd'hui vous êtes là, vous existez, insouciants, les jours passent et se ressemblent, ennuyeux parfois mais vous ne faites rien pour rompre la monotonie bien réglée de votre vie. Peut-être n'avez-vous pas conscience à quel point vous êtes chanceux de respirer l'air qui vous entoure, cet air que vos poumons inspirent et expirent inlassablement sans même que vous vous en rendiez compte, transportant ainsi à votre insu le précieux oxygène dans votre sang pour alimenter la grosse pompe qui vous maintient en vie : Votre Coeur. Boum-boum boum-boum boum-boum... Vous entendez ? Combien de battements par minute ? Soixante-dix ? Quatre-vingts ? Plus ? Combien de battements pour votre vie ? Un milliard ? Deux milliards ? Que vaut votre vie aujourd'hui alors que vous venez d'apprendre comme le narrateur de ce récit que la votre arrive à date échue et que le diable en personne a décidé de vous rancarder pour vous proposer un arrangement à l'amiable dont lui seul a le secret ?

Le narrateur et personnage principal de cette histoire (dont nous ne saurons jamais le nom finalement) est un jeune homme de trente ans, un jeune homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire (du moins le pense-t-il), il travaille comme employé de poste et ne semble pas être, au premier abord, le genre de personne qui nourrit de grandes ambitions dans la vie. Célibataire, il partage un petit studio avec son matou "Chou", une vie bien réglée, terne et sans couleurs mais qui toutefois semble lui convenir jusqu'à ce qu'un évènement (et pas des moindres) ne vienne soudainement le sortir de la douce torpeur dans laquelle il vivait puisqu'il apprend que ses jours sont comptés. Abasourdi par la nouvelle mais non sans conserver un certain flegme et un certain humour qui ont forcé mon admiration tout au long de cette lecture, il rentre chez lui et ne semble pas le moins du monde troublé d'y trouver son double qui n'est autre que le diable. Un diable plutôt sympathique je dois le reconnaître, qui a même pris soin de soigner sa tenue vestimentaire en enfilant un combo "short - chemise hawaïenne et lunettes de soleil" ce qui lui vaudra d'être renommé "Aloha" par notre narrateur. Mais pas le temps de faire causette devant un café et un gâteau qu'aussitôt le diable en civil lui propose un bien étrange marché sous forme de troc car rien n'est jamais gratuit avec le diable, rendez-vous n'a pas été pris avec Dieu, il ne suffit pas de confesser ses péchés pour pouvoir filer direct au Paradis. Les modalités du contrat sont claires elles sont même validées par Dieu en personne (et je ne vous en dis pas plus) reste à savoir si notre narrateur parvenu au seuil de son trépas acceptera ou non les modalités dudit contrat...

Alors oui la mort c'est moche, la mort c'est dégueulasse, ça ne devrait pas exister et d'ailleurs il n'y a que dans les livres que l'on peut en rire. La mort n'arrive pas qu'aux autres, elle arrive à tout le monde et qu'on le veuille ou non on y passera tous donc autant lui faire un pied de nez le temps d'une lecture car l'important n'est pas de savoir quand et comment mais plutôt de retenir ce qu'on aura fait de notre existence, comment on aura vécu à travers l'amour de nos proches, de nos amis, car ni vous ni moi ne voudrions partir avec des regrets et finalement le diable ici est un bon petit diable, il pointe du doigt tout ce temps gâché dans notre course effrénée à la consommation d'objets superflus qui nous fait perdre de vue l'essentiel car l'essentiel est ailleurs nous le savons pertinemment , il est dans les petites choses simples de la vie, un sourire, un merci, un "Je t'aime"... Depuis combien de temps n'avez-vous pas pris le temps d'admirer le coucher du soleil ? Depuis combien de temps n'avez-vous pas compté les étoiles à la nuit tombée, cherché celle à laquelle vous avez donné le nom d'un de vos proches ? Et votre vieille tante de quatre-vingt-dix ans qui attend votre visite depuis plus de six mois l'auriez-vous oubliée ?

J'ai aimé ce roman aux allures de conte philosophique et j'ai été tout particulièrement touchée par le duo formé par notre narrateur et son chat atypique atteint de logorrhée chronique qui donne lieu à des dialogues emplis de sagesse et d'humour car dans ce court roman point d'effusions larmoyantes (même si à la page 108 j'ai versé ma larmichette), l'auteur aborde le sujet de la mort de manière enjouée et poétique (il y a de très beaux passages) le tout servi par une réflexion des plus pertinentes, on pourra même y voir une certaine morale et j'avoue qu'à l'issue de cette lecture je ne serais pas contre un rancard avec Aloha un jour prochain, j'y verrais même là comme une aubaine, celle de pouvoir faire un petit recadrage quant à la vie de patachon que j'aurais menée et une chose est certaine c'est que le diable dans ce récit ne s'habille pas en Prada, il porte des chemises à fleurs ce qui nous laisse encore un peu d'espoir...


"Profite du temps qui t'est accordé et émerveille-toi du
monde qui t'entoure avant que la vie ne te rattrape et ne te comble de regrets..."
(J. Laurencin)



* Un grand merci à mon amie Sandrine (HundredDreams) qui a permis cette lecture, je vous invite à lire sa belle chronique si vous ne l'avez pas encore lue.
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