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Critique de Bazart


On l'a affirmé plusieurs fois sur Baz'art : Kent est un de nos artistes chouchous et ce n'est pas (seulement?) du au fait que l'homme est un lyonnais pur jus.

Il faut dire en effet que notre Kent est carrément né sur les pentes de la mythique Croix Rousse . Figurez vous que, plus tard que la semaine dernière, il a chanté les louanges du quartier et particulièrement du lycée Saint Exupéry ( un lycée situé juste en face de mon domicile, anecdote passionnante s'il en est) sur France Inter, au micro du non moins mythique Augustin Trappenard.

Non, ce qui nous touche vraiment avec cet artiste, c'est qu'il a beau être multi-casquettes ( musicien, dessinateur, romancier), tout ce qu'il touche se transforme en or : Kent témoigne en effet de tant de sérieux et de talent que quelque soit l'oeuvre qu'il crée, celle ci épate par sa maîtrise et sa cohérence, les oeuvres en question se répondant parfois les unes avec les autres.

Ainsi, quand, dans son morceau "L'heure des adieux" ( présent sur son dernier album "la grande illusion) , Kent annonce qu'après une disparition, "il y aura des larmes, il y en a toujours dans ces moments" , "Peine perdue", son nouveau roman raconte, au contraire, l'histoire d'un musicien qui se retrouve l'oeil et le coeur complètement sec, une fois confronté au deuil de la femme qui a partagé sa vie.

Alors que cette tragédie devrait totalement anéantir Vincent (claviériste et compositeur de profession, autant parler d'un milieu que l'auteur connait quand même un peu pour asseoir la crédibilité des situations), ce dernier se rend compte que le chagrin tant attendu n'arrive pas.

On voit ainsi que le titre "Peine perdue- qui aussi celui d'un célèbre roman d'Olivier Adam- sied parfaitement à ce beau livre car Vincent va passer une bonne partie de son temps à chercher en lui sa peine à la manière d'un objet qu'il aurait simplement égaré.

Forcé de se plonger dans ses souvenirs et livrer une introspection forcément douloureuse, Vincent va se rendre compte qu'il n'aimait plus sa femme et qu'il se sentait dépossédé de son vrai soi-même par celle ci, et par les compromissions que la vie de couple implique le plus souvent.

Tentant de se ré-approprier ce qu'il pense être sa vraie personnalité, et profitant de sa vie de musicien en tournée pour se confronter à soi même, Vincent va finalement se rendre compte que la réalité est plus complexe que ce qu'il pensait et que cette souffrance égarée pourrait bien se retrouver là ou il ne pensait pas la trouver.

"En tournée, chacun est ce qu'il veut, certains tombent le masque, d'autres s'en inventent, d'autres encore demeurent eux même."

L'occasion pour Kent, qui a toujours manifesté dans ses chansons et dans ses livres, une vraie inclinaison et une vraie tendresse pour les perdus et les résignés, de "faire la nique " à ce cynique qui s'est trompé sur ce qu'il pensait savoir de sa vie.

L'occasion également de nous offrir une ballade intérieure un peu désenchantée, mais qui a le mérite de n'être jamais nihiliste ni complétement désespérée - on n'est pas chez Houellebecq- sur l'usure du couple et la renaissance d'un être au coeur gelé.

Kent, qui a commencé au début des années 80 à écrire , un peu par hasard, sur proposition d'une jeune éditeur de polars, a eu bien fait de perseverer dans cette voie : avec "Peine perdue", en cet hiver littéraire particulièrement froid, le romancier nous livre un très beau roman qui réchauffe le coeur par sa justesse et son humanité...

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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