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Critique de Yokay


Yokay
11 décembre 2023
Dans une histoire en 3 tomes compilés en intégrale, qui prend la forme d'un conte de fée au Moyen-Âge, dont Hubert avait l'art, sont démontrés tous les pièges de cette chimère qu'est la recherche de la beauté à tout prix.
Morue, jeune paysanne écaillère de poissons, disgracieuse et qui sent le poisson, est rejetée et moquée par tous. Elle mène une vie d'esclave chez sa marraine ; c'est Cendrillon. Jusqu'à ce jour qu'elle croit béni où elle verse une larme de compassion sur un crapaud, aussi laid qu'elle, qui n'était autre que Mab, une fée prisonnière. Libérée de son sort, Mab lui offre la réalisation du voeu de son choix. Évidemment Morue ne rêve que d'une chose, être belle et désirée. Mais Mab ne peut la changer physiquement, elle ne peut que la rendre belle aux yeux des autres, mettre un filtre qui change leur regard sur elle. C'est ainsi que du jour au lendemain, elle rend tous les hommes qui la voient fous au point de vouloir la violer, tandis que les femmes jalouses tentent de la défigurer. Elle croyait connaitre l'enfer en étant laide, alors que l'enfer est de devenir objet de convoitise et d'être dépossédée de soi-même.
Morue sait qu'elle n'est pas réellement belle, et ne peut se voir elle-même sous cet artifice, mais elle saura en tirer bénéfice. Quand elle séduit le seigneur local, Eudes, elle croit avoir atteint son but et être heureuse. Mais Mab, fée maléfique, l'incite à toujours plus d'ambition dans ses conquêtes masculines. Manipulée à la fois par la mère d'Eudes et par la soeur du roi, elle sert d'appât pour répudier la reine et prendre sa place. Morue, devient ainsi la reine Beauté, capricieuse et égocentrique, friande d'apparat, et terriblement naïve sur la réalité du monde qui l'entoure. Eudes est fou de jalousie, tandis que le roi du royaume du nord, frère de la reine répudiée, jure vengeance et déclenche la guerre. Beauté suscite une telle folie chez les hommes qu'elle déclenche des carnages dans les deux royaumes.
Il faudra à Beauté des années de patience et de sagesse, et la complicité de sa fille Marine, pour sortir de cette situation infernale.
Je trouve la fin est décevante, du niveau d'un conte de fée Disney.
Quelques caractéristiques de l'héroïne rappellent des figures de la mythologie grecque et romaine, comme les sirènes (que les marins ne devaient pas écouter sous peine de se naufrager) et la méduse Circé (dont un seul regard suffisait à vous transformer en statue de pierre).
Le dessin de Kerascoët est en ligne claire et aplats de couleurs éclatantes, les personnages sont caricaturaux et expressifs, c'est dynamique, on ne s'ennuie pas. La mise en cases est assez classique, avec des cases plus oniriques réservées au monde des fées.
Avec un traitement caustique, l'histoire nous remet quelques réalités en tête sur un sujet toujours plus d'actualité, à l'époque de l'auto-exposition et de la recherche de séduction permanente via les selfies sur les réseaux sociaux…
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