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Critique de Folfaerie


Nous voilà ramenés en 1949 à Munich. La ville a été rasée par les bombardements et occupée par les Américains mais un semblant d'ordre renaît malgré tout. Bernie Gunther, après avoir tâté de l'hôtellerie à Dachau (!!), a finalement rempilé comme détective privé. Sa vie est un peu compliquée, un peu tristounette aussi. Certes, le cauchemar de la guerre est encore trop vivace, mais Bernie doit aussi faire face à la mort de son épouse et aux difficultés financières.

Fort heureusement, une jolie cliente comme il les aime arrive à point nommé pour lui confier une mission : s'assurer que son mari est bien mort, afin qu'elle puisse se remarier.

Et voilà Bernie Gunther embarqué dans une histoire compliquée à double fonds, avec poursuite d'anciens criminels nazis à la clé, sans compter les manigances de la CIA.

Un monde bien noir et trouble, dans la même veine que les trois premiers volumes.

Ce roman est moins sanglant, moins violent que la trilogie mais probablement plus glauque. Comme à son habitude, et c'est ce qui fait tout l'intérêt du roman, l'écrivain nous emmène dans les coulisses peu reluisantes de l'Histoire. le jeu trouble des Américains et de l'Eglise catholique, obsédés par leur nouvel ennemi : les communistes, permet à d'anciens criminels nazis d'échapper à toute justice, tandis que des commandos de Juifs se mettent en place pour châtier les coupables. Philipp Kerr rappelle à notre bon souvenir que les Nazis ont pratiqué des expériences médicales sur nombre de patients non consentants, et même après la fin de la guerre.

J'ai également beaucoup aimé le prologue du roman qui prend place en 1937 : Gunther est en mission de l'autre côté de la Méditerranée et le lecteur en apprend un peu plus sur la responsabilité du Grand Mufti de Jérusalem dans le génocide juif….

Le piège qui se referme sur Bernie est habilement mené, le détective ne voit rien venir (et moi aussi j'ai marché !) et j'ai aimé la façon dont il évolue : un peu plus fragile, encore un peu naïf - et moins sur ses gardes - mais toujours incapable de résister à un jupon ! Ce pauvre détective est bien malmené par l'écrivain, mais il n'en est que plus digne d'intérêt.

Beaucoup de bonnes choses dans ce livre : outre la qualité de l'intrigue et une réelle évolution du personnage principal, il ya toujours cette soigneuse reconstitution historique d'une période parmi les plus sombres de notre Histoire. C'est un peu comme si Philipp Kerr, à travers les interrogations de Bernie, cherchait lui aussi à comprendre comment de tels événements ont pu se produire. En en décortiquant pour le lecteur les mécanismes de cette tragédie et ses suites, il parvient à soulever le voile. La fin est évidemment glaçante, et pour ma part, il me tarde d'embarquer moi aussi pour l'Amérique du sud en compagnie de Bernie Gunther…
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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