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Critique de PtitVincent


Dans le nord de l'Afghanistan, le sport national est le bouzkachi. Il consiste à décapiter un bouc et à partir de là, plusieurs dizaines de cavaliers se battent pour transporter le cadavre sur un trajet donné et le déposer dans un cercle pour gagner la partie. Un sport où tous les coups sont permis, ou presque. Toursène, ancien champion de la discipline, élève les chevaux pour le maître de la province de Maïmana, au nord du pays. Lorsque le roi décide d'organiser à Kaboul un bouzkachi, il sélectionne les meilleurs chevaux et les meilleurs tchopendoz (cavaliers) au nom de son maître mais confie à son fils, lui-même un champion, son propre cheval, Jehol, un animal d'exception.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu et Ouroz non seulement ne gagne pas l'épreuve du roi, mais se blesse gravement à la jambe. L'homme est touché dans son orgueil et refuse de se faire soigner à l'hôpital de Kaboul (il faut dire que le médecin est une femme qui veut lui mettre un thermomètre dans les fesses). Il s'évade alors avec la complicité de son écuyer, le naïf Mokkhi. Les deux hommes, voulant éviter la seule route commerciale pour rejoindre le nord, vont donc partir à travers les montagnes dans un périple périlleux, une épopée douloureuse.
Car outre la blessure d'Ouroz qui s'infecte, ce dernier provoque Mokkhi, le poussant à la rébellion par la tentation, lui promettant le fameux cheval s'il n'arrivait pas à destination. Une confrontation entre les deux hommes qui sera accentuée par l'arrivée de Zéré, une jeune veuve qui fait découvrir l'amour à l'écuyer et qui, avide de richesses qu'elle n'a jamais connues, le poussera au crime.
Ce livre peut se lire comme une grande aventure humaine, des hommes rudes confrontés à une nature hostile, une relation père-fils particulièrement difficile, un hommage à la culture perse, un hymne aux paysages grandioses…
Mais à ce jour (retour des Talibans au pouvoir) impossible d'occulter un certains détails de ce livre : une culture guerrière et une violence endémique dans la société, des hommes guidés par une fierté, une virilité et un code d'honneur ancestral qui leur fait refuser toute évolution sociétale, une religion qui guide tout geste de la vie quotidienne, un pays morcelé par des clans, eux-mêmes dirigés par des chefs de guerre locaux ayant tout pouvoir sur leurs sujets. Sans oublier bien sûr le traitement avilissant fait aux femmes, cantonnées à n'être que des objets de plaisir, de reproduction et d'esclavage.
Comme si toute cette culture ancestrale expliquait aujourd'hui encore l'actualité tragique de ce pays.
Difficile donc de partager l'admiration, voire la fascination, de l'auteur envers ces guerriers. Admiration qui transpire dans de nombreuses descriptions. Une appréciation donc biaisée par les événements qui ont marqué ce pays depuis de nombreuses années. Une ambiguïté et un malaise qui se développent au fil des pages de ce roman, malgré la beauté de la langue, la force de l'histoire et la forte présence des personnages.
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