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Critique de zazy


« A toutes les danseuses, les rêveuses, présentes ou passées, qui méritent d'être illuminées, nous vous construirons, mot par mot, de nouveaux panthéons. » Très bel incipit du livre

Le livre commence dans les années cinquante, le Cameroun est alors une colonie française.

Andoun vit avec sa famille à Nyokon et aller travailler aux champs n'est pas sa tasse de thé « Malgré des années de pratique, elle n'arrivait pas à maîtriser l'outil. Elle tapait à côté, dépouillait les feuilles des plants ». « Andoun, tu n'es pas comme les autres » lui répète son père.

Andoun rêve d'une autre vie, soutenue par son père qui reconnaît en elle un besoin de s'émanciper, elle va chez sa soeur et son mari pour aller à l'école, apprendre. Las, elle sert de bonniche et est refusée à l'école car elle vient avec sa petite nièce bébé… Cela ne se fait pas.

Elle désire toujours apprendre mais une grossesse à seize ans l'oblige à dire adieu, temporairement à ses rêves. Andoun, active, ne se laisse pas aller et devient manucure à domicile. Cela ne lui suffit pas, avec sa fille, elle part à Paris pour une école esthéticienne et pense revenir au pays pour avoir son propre institut.

À Paris, son frère, marié, chez qui elle vit lui pique passeport et économies. encore, projet contrarié. Elle est noire et, voyez-vous, cela ne se fait pas dans une bonne maison d'esthétique. Elle devient donc, ce à quoi les blancs la destine : femme de ménage.

Elle ne baisse pas les bras et fait tout pour que sa fille puisse étudier. Les déboires ne l'empêche pas d'avancer.

Côté mec, ce n'est pas mirobolant. le père de sa fille la laisse tomber. Elle fuit le mari qu'on lui impose, rembourse la dot. A Paris, son frère veut la caser et, ma foi, elle pense avoir trouver une âme compatissante. Une fois de plus, désillusion. Renaud, qui fait des études d'ingénieur, la laisse avec des loyers impayés. Son bel amant, rencontré lors de son seul retour au Cameroun la prendrait peut-être comme seconde épouse.

Et puis, ne pas oublier d'envoyer de l'argent au pays, sa soeur, veuve

Basta, Andoun décide de vivre seule avec sa fille dans son petit appartement HLM. Andoun, illettrée, a réussi ce qu'elle voulait ; sa fille a fait des études et travaille dans l'administration française. Ses petits-enfants apprécient qu'elle leur raconte son Cameroun.

Que de luttes tout au long de sa vie. Les hommes ne sont pas fiables, la famille veut qu'elle rentre dans le rang et épouse le pêcheur qui sent si mauvais. En France, on l'assigne à ce qu'elle représente, une bonniche invisible et non pas ce qu'elle est.

J'ai aimé la façon dont Kiyémis narre l'histoire de sa grand-mère, j'ai apprécié les poèmes qui scandent l'histoire. Kiyémis raconte la difficulté des immigrés, même légaux, face à un pays dont ils ne connaissent pas les codes. Andoun, femme de courage et de détermination qui a toujours refusé de se plier à des traditions qui veulent l'asservir à un homme, vous êtes un modèle de ténacité, la foie chevillée au corps, malgré toutes les chausse-trappes.

Andoun vous pouvez être fière de votre petite-fille et de vous.

Un très bon livre. « Et, refleurir » figure dans la sélection finale du Prix Orange du Livre en Afrique 2024.


Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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