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Critique de CritiqueOuest


Cinq ans d'âge, Jean-Pierre KLEIN, avril 2019
Pièce de théâtre - #TRIARTIS

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Cinq ans d'âge. Peut-être est-ce le point de mémoire de tous les traumas, de toutes les blessures, de toutes les fragilités nerveuses qui se conservent dans une malignité comminatoire.

C'est ce qu'essaie maladroitement de formuler un adolescent, en guise de défense devant son contradicteur, le juge pour enfants. le récit de son histoire doit agir pour lui. Sans en avoir conscience, il théorise la culpabilité relative, circonstancielle.
Une mère — maîtresse volage d'un petit bourgeois installé dans une vie parfaite de famille — habile à manier une rhétorique réifiante à l'encontre de son fils, le considérant au mieux comme un accident. le télescopage affreux du soin psychique de l'enfant et des moments de coït, révélé par le rituel de présentation des amants le mercredi, avant les séances de psychothérapie. le pseudonyme improbable de l'un deux, « Diphtongue » qui traduit déjà la dissonance entre les intérêts des adultes et l'intérêt de l'enfant. Les jeux de rôle sur ordinateur par lesquels la mère crée un double de son enfant pour en faire un sujet capable d'une interaction sensible avec elle... Voilà pour le fond.

Pour la manière, le procédé de la temporalité enchâssée entre enfance et adolescence permet aux espaces-temps de s'éclairer l'un l'autre mettant ainsi en perspective le cloaque d'égos, d'abandons, de déviances qui ont façonné l'enfant devenu un jeune homme.

Cette pièce de théâtre sur le papier — mieux vaut toujours voir une performance de comédiens que de lire un texte où les intentions sont en suspens — a tout bon : elle s'inscrit dans notre actualité, pointe des pulsions et des passions, a une stratégie scripturale agressive, tellement vivante !

Mais le bât blesse quelque part. Pourvue du sous-titre à la publication « drame drolatique », rien n'y est plus ménagé que le sanglot. A quels petits degrés de cocasse, et de jurons drolatiques avons-nous droit quand pleuvent les concaténations querelleuses et cafardeuses, et la loquacité morose ?

On n'en retient que la matière d'un bon gros drame familial, et on en reste grave comme on doit l'être à une cérémonie d'hommage. Un drame à ne pas manquer, oui. Un drame drolatique, c'est un peu moins sûr.
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