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Critique de AliceW


John Wonder est la transparence incarnée. Un homme discret, organisé, méticuleux, qui prend à coeur son métier de Certificateur en chef de faits extraordinaires. En clair, il authentifie pour un genre Guinness des records les données qui lui sont soumises, des plus classiques aux plus illuminées, allant constater in-situ leur véracité. Un métier aux allures d'agent secret pour cet être énigmatique qui peut ainsi aller à son gré aux quatre coins du monde, et s'accomplir pleinement dans les diverses vies de famille qu'il a construites.

Car notre homme cultive l'art du secret dans toute sa splendeur. Derrière ses allures d'homme insaisissable et réservé qui passerait presque le vieux garçon de service, John Wonder a organisé sa vie au millimètre pour jongler avec ses trois casquettes, garnies de ses épouses Sandy, Pauline et Kim, autour desquelles se sont dessinées trois vies de famille avec leur trois paires d'enfants assortis, maisons, comptes en banques, téléphone, médecins de famille et consorts. A ce stade, même si sa profession permet suffisamment de largesse pour justifier sa présence auprès des siens seulement une semaine sur trois, autant dire que l'organisation tient de la haute voltige.

Tout cela nous est rapporté par ces six enfants, trois fois un garçon et une fille, tous prénommés subtilement et étrangement Adam et Evie. Leur position et leur regard donne lieu à une vision très riche du personnage, avec ses qualités et ses failles, et une version de l'histoire très sensible. On rencontre alors un homme profondément respectueux, humain bien qu'un chouïa asocial. Il y a de l'amour dans ses histoires, de la tendresse, de l'attention. La psychologie du personnage de John Wonder est très fine, car il ne s'agit ni d'un homme à femme aux allures de goujat macho qui tromperait sans vergogne sa femme avec la première venue, ni d'un pervers manipulateur en puissance s'accomplissant dans la tromperie. Ce serait même plutôt l'inverse d'ailleurs, notre antihéros semble surtout doté d'un genre de flegme déconcertant, poussé par l'instinct. Ce ne sont finalement que de multiples concours de circonstances qui ont imposé successivement trois femmes devant John comme une évidence, l'incitant à construire au fil des années trois vies bien distinctes et d'un parallélisme à frémir. Il y a bien de l'égoïsme dans tout ça, ne nous leurrons pas, avec une quête permanente de perfection, d'exactitude et du secret challenge d'authentifier un jour La Plus Belle Femme du Monde. Lorsqu'il la rencontre, c'est le caillou dans le moteur, la pyramide se délite laissant place à des méandres dignes d'une tragédie grecque.

Malcolm Knox tient son scénario à bras le corps et signe un roman abracadabrant très bien mené. le tableau se dessine rapidement et nous nous laissons porter dans ces vies et cette situation absolument rocambolesque, avec en off les records tirés par les cheveux, un viager qui voit passer trois générations avec une doyenne qui n'en finit pas de battre son propre record… Il décortique les relations humaines, les interactions entre les individus, leurs actes, et plus largement leur place dans la société, dans le groupe.

Ça tient à la fois du drame et de la comédie, de la farce et de la fable, c'est à la fois effrayant et récréatif, revigorant, il y a de l'acrobatie, de l'humour pince-sans-rire… Franchement, foncez, faites-vous plaisir ! (mais c'est pas du feelgood hein… !)
Lien : http://casentlebook.fr/wonde..
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