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Critique de sandrine57


Robert Walter est un homme comblé. Maire d'Amsterdam, il est apprécié de ses administrés qui aiment sa sincérité, son naturel, son éloquence. Ses fonctions lui permettent de côtoyer les grands de ce monde, il dîne avec Obama, plaisante avec Hollande. Côté vie privée, tout va bien aussi. Il forme un couple uni avec sa femme Sylvia qu'il adore tout autant que sa fille Diana. Pourtant, cette belle harmonie s'envole lors de la traditionnelle soirée du Nouvel an donnée par la mairie. Là, il aperçoit Sylvia riant aux éclats avec Maarten van Hoogstraten, son adjoint le plus insignifiant. Maarten n'est ni beau, ni drôle, ni charismatique. Qu'a-t-il bien pu raconter à Sylvia pour la faire rire de la sorte ? Et n'ont-ils pas eu l'air gênés quand, mine de rien, il les a rejoints ? Robert s'interroge, Robert se met martel en tête, Robert est jaloux, Robert est certain que Sylvia et van Hoogstraten ont une liaison. Pourtant, rien chez sa femme ne laisse entrevoir qu'elle le trompe, qu'elle aime ailleurs. Ne serait-ce pas une ruse de son épouse qui fait tout pour paraître normale, trop normale, alors qu'elle le trahit ? Au fil des jours et de son imagination galopante, Robert perd pied. de plus en plus soupçonneux mais trop couard pour crever l'abcès, il laisse un fossé se creuser entre lui et Sylvia.

Le terme est souvent galvaudé mais on peut l'affirmer sans mentir : lire un roman d'Herman Koch est une expérience jubilatoire. Avec cynisme et une pointe d'humour (noir), il malmène ses concitoyens, surtout les notables bien sous tout rapport dont il met à jour les failles et les mauvais penchants. A l'exemple De Robert, le jovial maire d'Amsterdam, mari et père comblé et fils dévoué d'un couple de nonagénaires dont il est toujours proche. L'homme est sympathique, tolérant et ouvert, d'ailleurs sa femme n'est pas néerlandaise. Pourtant, il suffit d'un soupçon sans véritablement fondement pour que tout dérape. Il n'a plus confiance en cette femme qui vient d'un pays culturellement très éloigné des Pays-Bas. Comment peut-elle le trahir alors qu'il a eu la bonté de l'aimer et de l'accueillir en Europe ? Sous ses remarques acides se tapit un racisme dont il se défend avec pour meilleure preuve son choix marital. Mais Koch sait faire apparaître le vrai visage de son personnage tout en contradictions. Outre ses supposés problèmes conjugaux, l'édile doit aussi faire face au désir d'en finir de ses parents. A 90 ans, ils estiment que leur temps est fini et qu'il faut mettre un terme à une vie qui inévitablement va se dégrader. Ils ont prévu de se suicider avant d'être dépendants et amoindris. Mais là encore l'auteur réserve quelques surprises de taille quant à l'issue de ce projet.
Surprenant, souvent drôle et très politiquement incorrect, le fossé se moque d'une société hollandaise propre sur elle, écolo jusqu'à l'absurde, libre mais pas libérée. Une lecture divertissante mais qui sait aussi faire réfléchir.
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