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Critique de Baldrico


Vous cherchez un grand roman africain? En voici un.
Fama, de la lignée Malinké des Doumbouya, seigneurs du Horodougou, n'est plus ce qu'il était. Il vivote à la capitale, est obligé de courir les fêtes, mariages, naissances et enterrements, pour subsister. Sa dignité en prend un coup, sa vitalité sexuelle aussi. Sa femme Salimata n'arrive pas à avoir d'enfant et qui dit que c'est elle qui en est la cause?
C'est que le pays a subi successivement la colonisation et le régime du parti unique. Tout est déstructuré, il n'est plus possible de se fier à aucun repère, la vie est difficile. L'indépendance n'a pas tenu ses promesses, elle a été l'occasion de s'enrichir pour quelques profiteurs. Mais il n'est plus possible non plus de vivre selon la tradition. Les rites subsistent, souvent dévoyés, mais la société qui leur donnait un sens n'existe plus, ou en tout cas est en mutation. Il reste qu'ils révèlent ce mélange si caractéristique de foi musulmane et de religion traditionnelle.
Quand meurt son cousin qui dirigeait la chefferie en désuétude, Fama est dans le désarroi. Doit-il redevenir un chef au rabais? ou laisser son pays natal à son destin? le roman raconte son chemin dans cette situation inextricable.
Et quelle narration! quelle prose! Ahmadou Kourouma a eu l'idée géniale d'écrire le français comme on parle Malinké. le procédé a le double résultat positif de nous faire mieux percevoir la tournure d'esprit de cette partie de l'Afrique (en Côte d'Ivoire) et d'enrichir la prose française. Peu d'écrivains peuvent se vanter d'un tel résultat pour leur premier roman. Près de cinquante ans après sa parution, on peut qualifier ce livre de classique de la littérature africaine.
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