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Critique de Nanoulecture


J'ai assez l'habitude de lire des thrillers plus ou moins sérieux, avec des thématiques parfois compliquées à appréhender et faisant réfléchir, mais malgré les mises en garde, rien n'aurait pu me préparer à cette histoire qu'est le Manufacturier. C'est la première fois, dans ma carrière de lectrice, que je lis un roman aussi complexe, aussi noir et autant dénué de filtres que celui-ci. Et pourtant, j'ai été complètement happée par l'histoire.

Nous suivons trois fils rouges en parallèle : la quête d'une victime de guerre pour retrouver l'auteur des sévices qu'il a subis, un dangereux criminel de guerre ; un meurtrier en série aux méthodes plus sanglantes les unes que les autres et au mobile totalement inconnu ; et le projet de démantèlement d'un réseau de drogue sévissant au Havre. Les trois affaires ont a priori aucun lien entre elles, et pourtant tout est bien lié.
Le récit commence lentement, et nous faisons la connaissance de Vladimir Radiche, alias Zéro, un capitaine de police pour le moins atypique. Totalement hors des clous, haï de tous et haïssant lui-même tout le monde, il est à la fois un excellent flic et une ordure de première. Ce capitaine enquête sur l'affaire du réseau de drogue et, lorsque son équipe est appelée pour résoudre un horrible double meurtre, il va être également en charge de l'affaire du Manufacturier, le tueur en série. Au début de ma lecture, je me suis demandé pourquoi un tel personnage, si brutal, méchant, atypique. Pourquoi nous peindre un portrait aussi noir, sachant qu'on ne peut que le détester ?

En parallèle, nous rencontrons Milovan, un rescapé du conflit serbo-croate, traumatisé par ce qu'il a vécu lorsqu'il avait 10 ans, à la recherche des responsables de ses sévices. Il va ainsi faire la rencontre d'Irena Illic, une avocate serbe travaillant pour une ONG destinée à rendre la justice aux victimes de guerre. Cette femme est elle aussi très atypique, pleine de mystères, c'est un personnage qui ne peut que toucher le lecteur. Ensemble, aidés de quelques autres personnages, ils vont mener l'enquête de leur vie.

Il y a beaucoup de personnages, dans ce roman, et il est parfois un peu difficile de s'y retrouver. Il y a également beaucoup de données sur le conflit serbo-croate, un conflit que je ne connaissais pas du tout et qui m'a appris beaucoup de choses. de plus, l'auteur, s'il nous dépeint absolument toutes les violences possibles et imaginables, ne prend parti pour aucun camp et parvient à rester neutre, afin de nous laisser nous faire notre propre opinion. J'ai apprécié cela. Les différentes intrigues sont extrêmement bien ficelées, les révélations sont surprenantes, c'est un roman parfaitement construit et maîtrisé, un thriller haletant, époustouflant.

C'est également un récit sans aucun filtre, aucune barrière. Tout nous est décrit : les interrogatoires de Radiche, les tortures lors de la guerre, jusqu'à la description complète de ce qu'il se passe dans notre corps quand on fait une overdose. L'auteur nous décrit le fonctionnement des réseaux de drogue, de prostitution, les machinations de la police pour étouffer certains faits, il ne nous épargne absolument rien de rien. J'ai pensé au départ que c'était violent juste pour être violent, que l'auteur décrivait certaines scènes juste histoire de déchaîner la violence, mais au fil de ma lecture je me suis rendu compte que tout avait un sens, un but. Celui de choquer le lecteur, de le marquer, de lui faire ressentir les pires choses, en accord avec les durs thèmes qu'il aborde. Et en soi, pourquoi pas, car lorsque nous lisons des thrillers, ne cherchons-nous pas un peu de cette noirceur qui existe vraiment, chez certaines personnes et dans le monde entier ?

Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce roman, car le mot amour serait mal employé, mais j'ai clairement apprécié la manière dont il est construit, la façon qu'a l'auteur de ne pas nous ménager et les choses que j'y ai apprises sur L Histoire. Alors oui, il faut s'accrocher pour ne pas descendre en marche de ce train d'enfer ; mais le voyage en vaut carrément le coup.
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