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Critique de LeLecteurAugmente


Dans un autre système solaire que le nôtre, peut-être même dans une autre galaxie, l'Espace est appelé les Brisants. Nom qui n'est pas dénué de sens car Dieu seul sait à quel point l'Univers est vaste, froid et dangereux. Vouloir le traverser demande beaucoup d'audace, de courage et de témérité, un peu à la manière des explorateurs d'autrefois.


L'intrigue se déroule dans un système comportant une vingtaine de planètes tournant autour de Drasill. Une dizaine de planètes est gérée par un empire comtal, tandis que l'autre moitié est en partie dominée par les khan. Chacun rêve évidemment d'avoir un contrôle absolu du système solaire.
Le début du roman commence par une attaque desdits khan aux abords d'une étrange planète, Planète Morte, dont ses propriétés et les infrastructures sont jalousement gardées par les comtes de l'empire. Ces derniers, en représaille, dépêchent le commandant Vrânken de Xaintrailles afin d'aller poutrer ces méchants jaloux. Montent dans son vaisseau, le Rongeur d'Os, trois jeunes, en vue de faire leur « stage » (entendez : un service spatial obligatoire de trois ans). C'est ainsi que Xâvier, fils de la haute-société, Mörgane, devineresse et Mârk, dur-à-cuir vivant dans une pauvreté assez poussée, vont se retrouver en première ligne d'un conflit.
Le roman est rapide : il fait 200 pages, environ, et il s'y passe énormément de choses, et on y apprend beaucoup de l'univers mis en place par L'Homme, surtout d'étranges Chemins Blancs, une sorte de trou de vers ou causé par une technologie qui permet de réduire le temps de déplacement : au lieu de mettre un an à parcourir une distance, on ne met qu'une heure. C'est un avantage non-négligeable qui va avoir son importance dans le récit.

Erik L'Homme prend le temps d'installer ses personnages qui ne bénéficient toutefois pas d'un très gros développement ; les mauvaises langues diront que c'est parce que c'est un roman pour la jeunesse, faut pas trop compliquer les choses… Laissons-les se dissoudre dans un cocktail d'acides carboxyliques et continuons. Non, le faible développement des personnages est l'une des tares du space-opera. Il y a évidemment des exceptions. Et attention ! Ce n'est pas parce que je dis qu'ils ne sont pas développés que les personnages n'évoluent pas ! Au contraire : Xâvier, pour ne citer que lui, passe de statut de petit con arrogant à trouillard, pour devenir fin stratège et enfin héros. Et honnêtement, c'est un traitement de personnage secondaire qui me plaît bien, et c'est celui le plus abouti.

Mais, justement, est-ce que le fait que des ados fassent un stage dans l'espace a un sens ? Attention, camarade, ça a un sens dans l'univers établi par Erik L'Homme, univers dans lequel les jeunes de la planète-capitale de l'empire doivent, dès leur treize ans, accomplir un stage. Sinon, non. Auquel cas je comprends pas pourquoi je n'ai pas pu aller sur ISS lors de mes treize ans. Les ados vont avoir leur rôle à jouer, chacun leur tour, dans cette histoire, qui plus est à des moments vraiment décisifs.

Le temps fort du roman est évidemment la bataille de l'empire comtal contre les khans : dieu que cette bataille est prenante ! Elle se déroule en deux temps, et elle est racontée d'une excellente manière. Vrânken, le commandant du vaisseau-amiral de la flotte impériale-comtale, utilise une technologie telle que c'est lui qui contrôle l'entièreté de la flotte. On pourrait trouver cette idée casse-gueule de la part de l'auteur, mais ce dernier sait suffisamment quels points il faut développer ou, au contraires, délaisser ou reléguer à un plan tiers et la lecture devient aussi bonne qu'une île flottante maison (ce qui, pour moi, est une preuve d'excellence).

Le roman se termine sur un suspense de malade, obligeant le lectorat à lire la suite. Vue la qualité franchement bonne de ce premier tome, on ne va pas se laisser prier, d'autant que beaucoup de questions restent en suspens. Mise à part la jalousie des khans quant à l'empire, on ne sait pas trop pourquoi ils veulent à tout prix se répandre dans le système tout entier, ni même comment fonctionnent réellement les Chemins Blancs et pourquoi Planète Morte est ce qu'elle est. C'est sans doute en ça que réside la force d'écriture de l'auteur : en peu de pages, il développe un univers captivant dont on devine aisément une certaine richesse d'histoires et de cultures.

C'était, personnellement, ma première rencontre avec l'écriture d'Erik L'Homme : mon ancien statut de libraire spécialisé jeunesse fait que j'ai vendu ses livres, j'en ai conseillé, et j'ai même rencontré le bonhomme, le temps d'un gros salon littéraire corrézien. Si tous ses romans – tous versés dans l'imaginaire, à peu près – sont aussi agréables à lire et que les histoires tiennent debout, aussi bien grâce aux idées de l'auteur que grâce à l'architecture des récits, alors je vous dis : foncez, si vous ne le connaissez pas et que vous ne savez pas trop quoi lire ! En attendant, Les Maîtres des Brisants, ça commence très bien, ça commence très fort, et la chronique de la suite ne tardera sans doute pas.

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