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Critique de sarahauger


Dès les premières pages, j'ai la sensation que ce curé de campagne diffère de ce qu'il devrait être. Ses actions et pensées s'avèrent souvent en accord avec ce qu'on imagine de la part d'un homme d'Église.
Il ne correspond pas vraiment à la représentation que je me fais de ce type de personnage. L'empathie et la compassion qu'on attend de ces hommes laissent souvent place au cynisme et à l'ironie et m'amènent par moment un sourire au bord des lèvres. On sent qu'il aimerait faire mieux, mais c'est comme si quelque chose le retenait.
En façade, il se montre courtois, mais n'en pense pas moins. Si certains hommes ne mâchent pas leurs mots, notre bon curé lui ne mâche pas ses pensées.
Son enfance malheureuse l'a marquée et le poursuit encore aujourd'hui. Son choix a un lien avec son père, bien plus même que je ne le croyais au début de l'histoire. Cela ne ressemble pas vraiment à une vocation en fait.
Arrivé dans ses fonctions pour de mauvaises raisons, plus on le découvre et plus on se rend compte qu'il n'a pas toujours suivi le droit chemin. Aigri, triste, en colère et même résolument tourné vers son douloureux passé on a envie de lui demander de se retourner pour aller de l'avant.

Après tout, un curé de campagne est avant tout un homme. Pourquoi devrait-il en tout temps et en tout lieu se montrer meilleur que les autres, plus bienveillant ? Au-delà de son rôle de guide, il n'en reste pas moins humain, avec ses forces et ses faiblesses.
C'est bien un homme comme les autres quoiqu'on en pense.
Être investi d'une mission divine ne le rend pas différent. Il fait des choix, pas toujours bons, à ses humeurs, des personnes qu'il aime et certaines pas.
Abîmé par la vie au même titre que tout le monde, il doit lui aussi faire avec ce qu'il est et avec les failles qu'il se trimbale.

Dans la première partie, j'arrive à sentir une certaine tension qui entoure ce personnage central.
Le père Antoine ressent une telle peur qu'il en devienne presque parano.
Son imagination s'emballe, il voit où entend des choses qui ne sont pas. Ce curé cache quelque chose. Qui peut bien vouloir du mal à un saint homme ?
Après tout, tout curé et âgé qu'il est, pourquoi personne n'aurait le droit de nourrir de rancoeur à son encontre ?
Henri nous fait vivre un huis clos dans la tête de son personnage et la pression monte avec les interprétations et révélations de ce dernier.
Je me laisse prendre au jeu et pars moi aussi à la recherche de suspects potentiels.
Alors qui peut bien vouloir l'éliminer et surtout, pour quelle raison ?

Craindre pour sa sécurité change une personne ou peut-être nous montre ce qu'il est vraiment au fond de lui.
C'est intéressant cette peur de la mort pour un homme de Dieu qui défend la vie éternelle, qui nous assure qu'elle est meilleure après, qu'il faut la mériter ici-bas.
N'est-il pas convaincu lui-même de ce qu'il prêche chaque jour ?
Croire en Dieu est-ce suffisant pour ne pas craindre sa propre fin ? Apparemment non.
Je suppose que ce n'est qu'au moment de se confronter à ce risque qu'on peut vraiment connaître notre véritable réaction, comme pour beaucoup d'autres choses en fait. Tant qu'on n'est pas face à un problème, on peut toujours supposer qu'on aura l'attitude qui convient.

Peut-on espérer de cet homme qu'il change, qu'il trouve une certaine forme de rédemption ? Va-t-il prendre conscience du rôle qui devrait être le sien et trouve enfin sa voie pour s'y investir ?
Après tout, comme dit le proverbe : « à chaque chose malheur est bon. » Alors ce curé entendra-t-il le message ?
Peut-il découvrir ses ouailles de façon plus authentique et prendre finalement plaisir à assumer ses responsabilités ?
N'oublions pas que la vie sait se rappeler à nous sans crier gare, donc mieux vaut ne pas laisser passer sa chance car « Les voies du seigneur sont impénétrables. »
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