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Critique de Henri-l-oiseleur


Depuis l'instauration de ce que jean-Claude Michéa appelle "l'enseignement de l'ignorance", la collection de manuels Lagarde et Michard a totalement disparu des lycées français. On en a dit le plus grand mal, ses volumes ont été moqués, raillés et dépecés par des générations intellectuelles qui n'auraient pas été ce qu'elles furent sans ces livres mêmes. Du reste, quand elles arrivèrent aux commandes, ces générations ont fait leurs preuves en matière de rupture de transmission et de culture. Les suivantes n'auront plus rien à dire, et n'enseigneront plus que de la Chick-Lit' américaine bien pensante.

Commençons par les défauts : un certain moralisme, qui ampute Baudelaire d'une strophe par ci, Rabelais d'une phrase par là, ignore totalement Sade et laisse à Diderot une place réduite ... Plus de longs discours un peu filandreux sur la doctrine d'un tel ou l'oeuvre de tel autre. Enfin, des commentaires un peu lourds par moments.

Finissons par les qualités : ces longs discours et descriptions des oeuvres classiques ne sont trouvables nulle part ailleurs. Leurs équivalents sur le net sont des parents pauvres restés au fond de leur province. Même un peu vieillies, ces explications de MM. Lagarde et Michard sont à mille pieds au-dessus de tout ce qui s'écrit et s'enseigne en littérature aujourd'hui. Les textes choisis donnent le panorama le plus complet possible de la littérature française telle que l'école française a souhaité la transmettre pour constituer une communauté de nation, de culture et de références communes. Chaque extrait a été poli et repassé par des générations de lecteurs plus ou moins volontaires et a tenté de faire d'eux des citoyens conscients de leurs racines. Aujourd'hui on ne cesse d'ânonner qu'il faut "faire du lien" sans jamais le faire : le voilà, le lien... Enfin, la riche iconographie ne contribue pas peu à construire une solide culture picturale et architecturale qui donne aux mots des textes tout leur espace imaginaire.

A défaut d'étudier dans le Lagarde et Michard, on peut au moins lire le recueil et en retirer toutes les richesses qui y dorment.
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