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Critique de Tachan


Ce qu'il y a de bien avec les services presses, c'est qu'on ose sortir de sa petite zone de confort et avec cet album, ce fut clairement mon cas car je lis peu de BD « historique – d'actualité » avec un style graphique aussi marqué par le roman photo. J'ai beaucoup aimé découvrir ce pan méconnu (par moi) de notre histoire pas si lointaine.

Par mener un tel projet, je n'ai pas été surprise de retrouver au scénario une journaliste, Martine Lagardette qui a travaillé aussi bien pour Les Maternelles à la télé, que dans la presse magazine. Et à ses côtés, c'est quelqu'un d'engagé qu'il fallait pour faire le portrait de cette époque et cette femme : Farid Boudjellal le fut et cela se sent, comme cela a été le cas dans d'autres de ses ouvrages comme le primé Petit Pollo.

A quatre mains, ils se sont lancés dans un projet assez fou et un peu casse-gueule, évoquer un épisode de la vie d'Oum Kalsoum, que je découvre totalement ici, une chanteuse égyptienne engagée qui est autrefois venue donner une représentation en France à un moment où son pays était en pleine tourmente après la Guerre des 7 jours face à Israël. A travers elle et ce moment, c'est toute l'histoire géopolitique France x Egypte que les auteurs nous décrivent sur quelques années charnières : le milieu des années 60.

En littérature, s'il y a une chose que j'aime, c'est apprendre. Parfois, on prend trouver trop rébarbatif ou complexe de se lancer dans la lecture d'essai sur des thèmes un peu pointu et la littérature, la BD ici en l'occurrence, peu être un excellent médium pour dépasser cela. C'est ce qu'on fait les auteurs ici, car de moi-même, jamais je ne me serais lancée dans un essai historique sur le sujet, alors que dans cette version simplifiée, tout en en gardant la richesse, les auteurs l'ont fait passer crème. J'ai beaucoup aimé découvrir le complexe paysage politique de l'époque, suivre les problèmes internes de chaque pays, découvrir leur politique internationale et assister au rôle parfois surprenant de personnages qui n'ont rien à voir avec celle-ci a priori. Alors il m'a parfois fallu m'accrocher car je connaissais bien peu ces acteurs, en dehors des têtes d'affiche, mais ce fut vivifiant et enrichissant.

Il faut dire qu'en produisant des dessins à partir des photos de l'époque, en mode roman photo, les auteurs font réellement vivre cette époque. C'est comme si on y était. On a l'impression d'entendre la voix de ces personnalités historiques et d'avancer à leurs côtés dans des endroits connus de tous en plus. Car en plus de la dimension politique, l'oeuvre a bien sûr une dimension artistique. Oum Kalsoum est une chanteuse que le propriétaire de l'Olympia cherche à faire venir. On croise donc tout le gratin de l'époque, les fameux yéyé, et c'est un plaisir de s'amuser à chercher qui est qui à travers les peintures qui en sont faites. J'ai adoré découvrir la vie de ce lieu de spectacle et de ceux qui l'animent.

Oum Kalsoum est donc une lecture pleine de richesse où on prend plaisir à la fois à découvrir la vie culturelle de l'époque aussi bien en France qu'en Egypte et la puissance de cette icône, ce qui permet également d'en apprendre pas mal sur la place des arabes en France à l'époque. Mais c'est également un titre très politique où ce fut riche et dense de découvrir les liens entre nos pays et leur actualité alors, ainsi que le rôle d'une telle femme dans ce qui ne semblait pas relever d'elle. En terme de plaisir de lecture, j'ai parfois eu du mal avec les dessins, car ils sont avant tout sur une base de photo et ce n'est pas la technique que je préfère en terme d'esthétique, mais je reconnais l'intérêt de ce type de narration dans un tel projet. J'ai aussi trouvé ardu l'ensemble des informations données quand on ne connaît que peu l'époque comme moi. J'ai donc moyennement apprécié ma lecture à cause de ça.

N'ayant jamais trop lu de BD « historique – d'actualité », j'ai été surprise de découvrir un projet aussi dense et bien mené par des auteurs impliqués par ce qu'ils voulaient nous faire découvrir : une femme, force de la politique et puissante icône artistique et politique. Si je n'ai pas toujours adhéré esthétiquement au projet – question de goût -, je salue un projet solide, documenté et fort bien mené grâce à cette immersivité. Ça donne envie de se plonger plus dans ce type de BD.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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