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Critique de Ogrimoire


Avant d'en venir à la bande dessinée elle-même, quelques mots. L'un des aspects absolument fascinant, de mon point de vue, de l'histoire de Roland et de sa mort à Roncevaux, c'est que les historiens s'accordent aujourd'hui pour estimer qu'il s'agit probablement de la première opération de propagande d'envergure dont il reste une trace matérielle. En effet, les « faits » se déroulent en 778 (donc à la fin du VIIIe siècle), et la Chanson de Roland est composée, semble-t-il, au XIe siècle, c'est à dire près de 300 ans plus tard. de plus, le texte initial met en scène les méchants sarrazins qui, par vengeance et par traîtrise, tue le gentil Roland à Roncevaux. Mais le consensus actuel des historiens va plutôt au fait que ce sont les vascons, dont Charlemagne avait, au passage, pris la forteresse de Pampelune, qui se seraient vengés.

Or que se passe-t-il au XIe siècle ? La première Croisade, qui consiste, justement, à aller tailler des croupières aux-dits sarrasins. de là à penser que cette chanson de geste, véhiculée de forteresse en place forte, est une façon, en jouant sur les réflexes « patriotiques », d'inciter à aller venger Roland, il n'y a qu'un pas… J'attends, naturellement, de voir comment Juan Luis Landa entend traiter cette dimension – ou en proposer une version alternative – dans le second et dernier tome. Étant entendu que le personnage d'Angelo de Syracuse pourrait être le vecteur chisi à cet effet… à suivre !

Mais revenons à cette bande dessinée. Cet album est, d'abord, un véritable régal pour les yeux. Sincèrement, je n'ai pas souvenir d'avoir souvent vu des scènes représentées ainsi, avec un tel art de la lumière, avec des paysages qui, par quelques détails passent de majestueux à inquiétants, et avec un amour des paysages que le basque Juan Luis Landa revendique aussi clairement. Pure réussite visuelle, donc.

Sur le scénario, dans ce premier tome, Juan Luis Landa pose d'abord le cadre. On découvre Charlemagne, Roland et les autres barons, en Saxe, à Paderborn. On voit Charlemagne s'entourer de savants et de lettrés. On est dans un Moyen Âge brutal, violent – on n'hésite pas à dévorer, littéralement, le coeur de son ennemi… -. Roland, que la Chanson présente toujours sous un jour très favorable, comme une sorte d'incarnation de la chevalerie, apparaît ici plus nuancé, courageux, certes, mais volontiers abrupt et implacable. Puis, une fois cette ambiance installée, on peut entrer dans le vif du sujet. Direction l'Espagne, direction Saragosse et Pampelune, où le drame va se jouer.

Alors ? Alors, sincèrement, c'est pour moi une grande bande dessinée, qui mérite vraiment de figurer sur les étagères de tous les amateurs du genre. Quant à moi, je vais attendre impatiemment le second tome…
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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