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Critique de YANCOU


C'est le récit de la vie d'Elena Lappin et de ses voyages ou plutôt de ses relocalisations dans les langues, l'obligeant à reconstruire son identité à chaque nouvel emplacement. On pense tout de suite au livre de Jeanette Winterson qui avait fait grand bruit à sa sortie, il y a quelques années, intitulé Les oranges ne sont pas les seuls fruits, ainsi qu'au beau et intime livre de Juliette Kahane, La fille, deux ouvrages sortis eux aussi à L Olivier - ce qui dénote de la part de cet éditeur un choix, un bon goût et une sensibilité pour ce genre de récit de vie et on lui en sait gré. Mais pour revenir à Elena Lappin, cette dernière est "scout littéraire" - sa vie est un roman qui s'écrit encore, toujours en mouvement, fantasque, plein de livres, de rencontres, de découvertes. Son métier, en plus d'éditrice (et écrivaine dans le cas présent), c'est de lire des romans pour d'autres éditeurs qui les traduiront et ça, elle le peut car Elena Lappin parle russe, tchèque, allemand, hébreux et anglais - rien que ça. Mais ce livre est aussi l'histoire d'un exil, de la russe soviétique vers la Tchécoslovaquie, puis vers l'Allemagne des années 70, Israël et le Canada, les Etats-Unis des années 80 et l'Angleterre des années 90. Et comme tout exilé, Elena est en perpétuelle recherche d'elle-même et de ses racines, et c'est aussi ce que raconte ce récit : la découverte de la judéité, son vrai père, ses aïeux qui, dans certains cas, ont décrit dans de courts récits eux aussi leur époque ! Vous l'aurez compris, on est là dans une excursion géographique, mais aussi familiale, une errance dans les langues et dans le temps. C'est passionnant de bout en bout, ça dit beaucoup de choses intéressantes sur la traduction, les langues, les objets (chargés de souvenirs), sur le monde universitaire et, finalement, sur le monde, car comme le note l'auteur à propos de l'un de ses oncles, alors qu'Elena et lui essaie de savoir qui de Saul Bellow ou Philip Roth est le meilleur écrivain juif américain : "Il (l'oncle donc) pensait que la société était en train de s'atomiser, chaque individu agissant à sa guise, de plus en plus détaché de toute valeur communautaire" et de rajouter encore "C'était là une vision pessimiste, mais presciente." - Un beau récit.
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