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Critique de CathyBorie


Il n'est pas si fréquent de lire un roman dont l'héroïne est une octogénaire, et ma première remarque est pour saluer ce parti pris original et très bien traité. C'est du point de vue de Lucie, la jumelle de Rose tout juste décédée à 84 ans, que nous abordons ce texte, très bien écrit, avec beaucoup de finesse dans la caractérisation des personnages. Roman familial dont le fil rouge, du moins dans la première partie, est constitué par la recherche du testament, ce récit décrit les relations des différents protagonistes : outre Lucie, nous faisons connaissance avec les 4 enfants de Rose et leurs propres enfants, ainsi que les conjoints de ces derniers, tous réunis, avant l'enterrement, dans le domaine de Shalamar, où résidait Rose depuis toujours, avec sa jumelle. A travers des moments quotidiens anodins, des repas, des discussions à bâtons rompus, on découvre peu à peu le fonctionnement de cette famille dont le lien indéfectible tourne essentiellement autour de ce lieu, de cette maison symbole de leurs retrouvailles récurrentes.
Mais comme dans toutes les familles, il y a ici aussi pas mal de fantômes dans les placards. Et les personnalités de chacun ne sont souvent que des apparences, des étiquettes collées par les autres dont on ne parvient plus à se défaire. Au cours de ces jours de canicule, plusieurs voiles seront soulevés qui redistribueront les cartes et mettront au jour des secrets plus ou moins bouleversants.
Très progressivement, et avec beaucoup d'empathie, l'autrice mène la danse avec des dialogues parfaitement menés, alternant entre la mise en évidence de liens indéfectibles des personnages entre eux, et la révélation de choses tues qui pervertissent depuis des décennies certaines relations entre les membres de cette famille.
De nombreux passages pourraient être transformés en pièce de théâtre, tant les dialogues sont réalistes, mais on ne peut ignorer toutefois l'importance et la richesse des descriptions, que ce soit des lieux (Shalamar est un endroit plein de charme que l'autrice nous restitue au fil du texte avec brio) ou des sentiments éprouvés par les personnages, leurs petits gestes, leurs mimiques.
J'ai pris un grand plaisir à cette lecture, avec l'impression de m'immiscer au coeur de Shalamar, et de recueillir les confidences de ces gens qui nous ressemblent forcément par un trait ou un autre, avec leurs forces et leurs fragilités. L'autrice a choisi de faire passer l'empathie et le pardon avant la rancune et la revanche, et elle le fait avec une délicatesse qui fonctionne très bien, enlevant à l'histoire un côté feel-good gratuit et trop facile, pour ne laisser qu'un sentiment d'accomplissement et d'humanité.
Merci à Librinova pour cette découverte.
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