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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Most wanted? (épisodes 1 à 5 de la précédente série) qu'il vaut mieux avoir lu avant pour comprendre l'historique de la relation entre les personnages. Il comprend les épisodes 1 à 6 de la série suivante, initialement parus en 2015/2016, écrit par Jason Latour, dessinés et encrés par Robbi Rodriguez, à l'exception de l'épisode 5 qui a été dessiné et encré par Chris Visions. La mise en couleurs a été réalisée par Rico Renzi.

Le Bandit Bodega s'attaque à un diner en volant une saucisse pour son chien. Gwen Stacy se réveille en retard et tisse sa toile pour arriver à l'heure pour son service dans le même diner. Elle bondit de voiture de police en voiture de police, tout en téléphonant à son père et arrive trop tard car le diner a été saccagé par le Lézard. Pendant ce temps-là, George Stacy a une conversation presqu'honnête avec Jean DeWolff sur son enquête relative à la mort de Peter Parker, et l'innocence vraisemblable de Spider-Woman. Cette dernière se met à la recherche du Lézard.

Spider-Woman commence par se rendre dans le laboratoire du docteur Curt Connors, mais il ne reste rien, ce qui n'empêche pas quelques souvenirs relatifs à Peter de lui revenir en mémoire. Il ne lui reste plus qu'une seule solution : acheter des saucisses pour hotdog, les faire chauffer et les emmener dans les égouts pour attirer le Lézard. Pendant ce temps-là, George Stacy prend son courage à deux mains et fait part de sa conviction à Ben Parker, quant à l'innocence de Spider-Woman dans le meurtre de son neveu. Harry Osborn revient d'un long séjour à l'étranger. Matt Murdock rend visite à George Stacy.

Le premier tome s'était avéré agréable à lire, le scénariste évitant de trop s'appesantir sur la redite des origines de l'héroïne et évitant également le décalque trop proche de Spider-Man. L'histoire se déroule donc sur la Terre 65, l'une des nombreuses Terre du multivers Marvel (pour mémoire la Terre principale est référencée 616). Ces 6 épisodes forment un chapitre complet dans lequel Spider-Woman (c'est le nom de superhéroïne de Gwen Stacy, Spider-Gwen ne servant que de titre à la série) se confronte au Lézard de cette Terre. le lecteur ressort un peu étonné de ce tome, car un certain nombre d'éléments présents dans le précédent semblent être passés à l'as sans raison apparente.

Dans le tome précédent, le scénariste prenait soin de montrer Gwen Stacy dans les différents aspects de sa vie : superhéroïne bien sûr, fille de George Stacy, copine pas très assidue, demoiselle pleine d'entrain et d'empathie. Sur ces 6 épisodes, 1 est consacré à George Stacy, celui dessiné par Chris Visions, à savoir le numéro 5. Sur les 5 autres épisodes, il n'y a que le numéro 3 dans lequel Gwen Stacy passe plus que 3 pages en civil ; dans les autres elle passe plus des trois quarts du temps en superhéroïne. C'est très déstabilisant car la série n'avait pas démarré sous ces auspices. En particulier le fait que Gwen assure la batterie dans un groupe n'intervient pas du tout. Sa relation avec son père n'évolue pas, alors que c'était un élément majeur dans le premier tome. Ses relations avec ses copines sont tellement secondaires qu'elles en deviennent inexistantes. Elle n'a pas non plus d'interaction avec May et Ben Parker. du coup il ne reste plus beaucoup de possibilité pour faire s'exprimer sa personnalité.

Passée la scène introductive dans laquelle elle craint d'arriver en retard, il reste quelques dialogues avec Harry Osborn et les 6 pages de discussions avec Jessica Drew sur la Terre 616 en ouverture de l'épisode 3. le lecteur se rabat donc sur l'intrigue proprement dite. Au travers de ses actes, Gwen Stacy fait encore preuve d'un caractère certain, en prenant des risques pour résoudre le mystère entourant ce nouveau Lézard, en se battant contre le Green Goblin, et en confrontant un ami proche sur la mort de Peter Parker. Mais globalement il s'agit de comportements classiques pour n'importe quel superhéros débutant, sans que les traits spécifiques de Gwen en ressortent. Son entrain et une certaine forme de refus de la confrontation systématique arrivent encore à passer la page. Gwen Stacy reste une jeune femme pleine d'allant, avec la volonté de bien faire, d'être à la hauteur de ses responsabilités et de ses remords vis-à-vis de Peter Parker.

L'intrigue ne fait donc pas assez honneur au personnage principal. Elle s'avère assez linéaire dans sa construction, les rares retours dans le passé n'apportant pas beaucoup d'informations. Spider-Woman passe d'un combat au suivant, en affrontant ses adversaires, en papotant beaucoup, mais pas avec la même verve pour débiter des vannes que Spider-Man version 616. Elle rencontre 2 autres superhéros dans des versions différentes (à commencer par l'identité) des versions originales 616. Là encore cette rencontre ne sert qu'à présenter les autres superhéros, sans leur donner beaucoup de personnalité, sans que les interactions avec Spider-Woman soient très intéressantes.

Finalement le lecteur en vient à placer plus d'attente dans l'intrigue secondaire qui concerne George Stacy et qui l'amène à rencontrer Matt Murdock. À nouveau le lecteur se demande bien pourquoi Frank Castle (en concurrence directe avec le capitaine Stacy) n'intervient pas dans ces épisodes, alors qu'il semblait si déterminé à ne rien lâcher et à agir immédiatement dans le tome précédent. L'épisode 5 fait donc avancer de manière significative le dilemme auquel est confronté George Stacy. Mais à nouveau, il s'agit d'un chantage basique dont l'issue ne fait pas l'ombre d'un doute dès que Murdock a mis la pression sur Stacy.

Le lecteur éprouve le plaisir de retrouver les dessins de Robbi Rodriguez, si caractéristiques qu'ils avaient déjà imprimé une forte identité graphique sur la série. Chacune des 6 couvertures met en scène Spider-Gwen, avec un travail conceptuel pour l'arrière-plan, réalisé à l'infographie, avec un choix de couleurs tirant vers le rose, pour un effet entre chaleur humaine et angoisse. Pour les pages intérieures, les dessins semblent avoir été réalisés avec un trait vif pour détourer les formes. L'artiste ne recherche pas le réalisme, mais plus l'impression de légèreté et de spontanéité. Il prend soin de représenter les décors régulièrement, sans une grande abondance de détails. Ainsi les arrière-plans permettent de bien situer où se déroule l'action, mais les décors ne sont pas très consistants, comme si le budget alloué était limité.

Ses personnages sont très vivants sur la page, avec des postures normales et des morphologies normales. Gwen ne donne pas l'impression de passer 5 heures par jour sur un banc de musculation, les autres personnages non plus, même les autres superhéros invités. le lecteur peut même remarquer que Jessica Drew adopte des vraies postures de femme enceinte. Les affrontements physiques (il y en a au moins un dans chaque épisode) ne présentent pas un grand intérêt visuel. Rodriguez se contente de montrer les personnages en train de porter des coups, sans impression de mouvement d'ensemble. Il est beaucoup plus divertissant de voir Spider-Woman en train de se déplacer dans les rues, ou dans les égouts, car le sens du mouvement est plus spectaculaire.

Les dessins de Robbi Rodriguez sont rehaussés par la mise en couleurs de Rico Renzi. Celui-ci réussit les effets spéciaux avec habileté. Les toiles d'araignée à l'intérieur de la capuche de Spider-Woman ressortent très bien alors qu'elles sont tout en finesse. Il utilise une palette de couleurs assez vives, dans les tons vert, violet, rouge, faisant souffler un air de jeunesse tout à fait approprié à la série.

L'épisode 5 est dessiné par un autre artiste pour laisser le temps à Robbi Rodriguez de souffler un peu. Chris Visions donne également l'impression que ses dessins ont été réalisés sur le vif, mais avec un trait de détourage beaucoup plus gras. La narration visuelle y perd en légèreté. Il s'intéresse moins aux décors que Rodriguez, ce qui obère d'autant le potentiel d'immersion pour le lecteur. le mode de détourage rend les personnages laids, pas agréables à regarder. La mise en page et les prises de vue sont un peu brouillon.

Ce deuxième tome des aventures de Gewn Stacy version Terre 65 déçoit par rapport au premier. Jason Latour ne réussit pas à retrouver l'équilibre entre les diverses composantes du personnage, diminuant d'autant la palette de saveurs du récit. Gwen Stacy a perdu une partie de sa personnalité et son capital sympathie diminue d'autant. Les autres personnages ne disposent pas de beaucoup de places pour exister (en particulier ses copines du groupe de rock Les Mary-Jane), même George Stacy se retrouve cantonner dans un rôle prévisible. Jean DeWolfe apparaît juste le temps de 2 pages et Frank Castle est aux abonnés absents. Cela permet à Latour de disposer d'assez de place pour développer son récit sur le Lézard, mais l'intrigue peine à susciter l'intérêt du lecteur. Robbi Rodriguez réalise des pages vivantes et légères, très enlevées pour les acrobaties de Spider-Woman, moins convaincantes pour les affrontements physiques. Chris Visions réalise un épisode graphiquement trop éloigné de Rodriguez. le lecteur reste encore partiellement sous le charme de Gwen Stacy, mais ce tome ne donne pas l'assurance de l'intérêt de ce personnage sur le long terme.
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