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Critique de Presence


Ce comprend les épisodes 6 à 10 de la série mensuelle et il fait suite à Goût décès qu'il faut avoir lu avant.

Première scène, sur le site de construction d'un hôtel de luxe dans l'île de Yamapalu, les ouvriers ont découvert un nouveau fruit à la forme étrange. Retour dans les bureaux de la Food and Drugs Administration (FDA) : Tony Chu retrouve une personne qui avait passé l'arme à gauche dans le tome précédent et qui a beaucoup de raisons de lui en vouloir. Pas de chance : Applebee (le chef de Chu) a décidé qu'il s'agit de son nouveau partenaire. À eux deux, ils enquêtent sur un casse commis dans la salle des coffres d'une banque. L'un des criminels a laissé un petit cadeau au milieu de la pièce : un gros étron. Aplebee jubile car il sait que pour résoudre l'affaire Chu devra utiliser son pouvoir sur cette matière fécale. La résolution de ce vol amène Chew à goûter une soupe au poulet. L'effet est tellement fort que Chu décide de prendre des vacances pour aller enquêter à Yamapalu sur le fruit entrant dans la composition de ladite soupe. Il y retrouve son frère qui a acquis le statut de vedette, ainsi que Lin Sae Woo, une enquêtrice du Ministère de l'Agriculture, et le vampire entraperçu dans le tome précédent, sans oublier Poyo le poulet de combat.

La première bouchée de Chew m'avait laissé un peu sur ma faim, car bien que, composée d'aliments de choix, la préparation de ce plat n'arrivait pas à équilibrer les différents ingrédients. Malgré tout le capital sympathie acquis était tel que la lecture du deuxième tome coulait de source. John Layman continue dans le même ton que pour le premier tome, à la fois pour les bons cotés, et les autres. Dans les éléments agréables, le lecteur retrouve le jeu avec la nourriture et le ton second degré du récit. À plusieurs reprises Applebee s'assure que Chu devra porter à sa bouche des aliments allant à l'encontre de tabous universels. À nouveau, Layman invente des personnages provoquant une forte sympathie du lecteur et disposant d'un physique mémorable (je pense en particulier à Lin Sae Woo et sa poitrine, mais aussi au dictateur d'opérette, au chef de la police locale, etc.). En fait, cette histoire doit également beaucoup à Rob Guillory, son dessinateur. Son trait me fait parfois penser aux aventures de Spoon & White.

Guillory sait concilier un bon niveau de détails avec des exagérations qui apportent une touche de dérision, sans jurer par rapport à la tonalité globale de l'histoire. C'est un style assez délicat à mettre en oeuvre car il faut rester en deçà du dessin humoristique, tout en faisant bien comprendre au lecteur qu'il s'agit de libertés artistiques. le cas de Lin Sae Woo est représentatif : elle a une poitrine démesurée (mais soumise à la loi de la gravité), elle est de petite taille et sa robe lui permet de réaliser les mouvements d'art martial. Guillory en fait à la fois un objet sexuel caricatural (gros seins, taille de guêpe, hanches voluptueuses) et à la fois un individu à part entière que le lecteur ne peut pas se contenter de regarder comme un objet (proportions éloignées de la taille mannequin, visage fermé, mouvements redoutables). Ce décalage entre la silhouette et les actions induit à la fois un élément comique de second degré (une critique des canons imposés de la beauté) et une personnification approfondie. Il applique cette méthode à l'ensemble des personnages qui apparaissent dans l'histoire. La mise en page est très fluide qu'il s'agisse des scènes d'action ou des scènes de dialogue. La conception de chaque prise joue également sur la dualité entre efficacité et exagération, pour un résultat convaincant. Enfin Guillory assure lui-même sa mise en couleur. Il utilise la méthode qui consiste à donner une teinte dominante différente à chaque scène et le fait avec subtilité et sophistication.

Dans les éléments moins goûtus, il reste l'absence de profondeur psychologique des personnages. Layman bâtit son scénario sur les enquêtes menées par Tony Chu et ses recherches d'indices (avec quelques scènes d'action), puis sur les éléments fantastiques qu'il introduit. Il n'accorde que peu de place à la psychologie de ses personnages qui sont trop génériques à mon goût car uniquement définis par leurs actions. C'est ce dernier point qui me retient de décerner une cinquième étoile à cette bande dessinée. Je suis malgré tout curieux de savoir ce qui attend Tony Chew dans le troisième tome.
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