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Critique de InstinctPolaire


Michael Jordan...
Un nom, un numéro, une silhouette capturée en plein vol, devenu objet de commerce...
Symbole mercantile, icône enluminurée " à l'américaine "… C'est à dire suivie des stigmates " tm "… ?
Ou bien " the right man at the right place ", un joueur d'exception propulsé dans la lumière d'un sport qui se cherchait une place entre le base-ball et le foot US ?

Michael Jordan est une histoire américaine. Une histoire qui se raconte selon des canons que nous ne maîtrisons de ce côté de l'Atlantique :
" North Carolina cherchait un bon tir. A 15 secondes de la fin, Black passa à Jordan qui prit le shoot à mi-distance sur l'aile gauche " c'était un shoot ouvert, dit Packer. Aujourd'hui, avec le recul, je me fiche de savoir à qui on avait prévu de donner la balle. Michael voulait la balle et il savait qu'il allait rentrer ce shoot. C'était le commencement d'une grande histoire de notre temps. Il y a des gars qui ont des shoots ouverts et ne les mettent pas. Il y a des gars qui ont des shoots ouverts et ne les prennent pas. Michael voulait ce shoot et ça se voyait. Il n'y a eu aucune hésitation, aucune feinte superflue. C'était " Eh, passe-moi la balle, je vais la mettre dedans ". Voilà le niveau de compétitivité naturelle qu'il avait ".
La plupart des joueurs fuient de tels moments mais quelques élus ne vivent pour ça, poursuivit Packer. " il ne se cachait pas dans le coin. Il voulait cette balle à cet endroit. " Jordan révéla plus tard qu'il avait envisagé un tel moment dans le bus de l'équipe, alors qu'ils étaient en route pour le Superdome.
A l'autre extrémité du terrain, les visages, sur le banc de Georgetown, se tordaient d'anxiété. Juste à quelque pas de l'endroit où Jordan s'éleva pour le tir, tout le staff de North Carolina se tenait stoïquement assis. Smith faisait une moue dubitative, plus ses lèvres et fronçant les sourcils dans une légère grimace. Par le passé, de tels moments, dans un Final Four, ne lui avait rien apporté de bon.
Jordan s'éleva, sa langue prenant instinctivement un échantillon de l'air du Superdome. Au sommet de son saut, le ballon quitta gracieusement l'extrémité des doigts de sa main droite, alors que sa main gauche s'écartait pour le laisser poursuivre son vol. le swish provoqua une vague bleue dans le camp des Tar Heel et fit éclater un bruit de tonnerre dans la salle. " [ Son premier exploit universitaire ]
Ainsi pourrait débuter la légende, mais il n'en ait rien. Une légende puise dans un terreau profond. Celui de cette Caroline du Nord ségrégationniste. Celui d'aïeux, tout juste sortis de l'esclavage qui ont su, à chaque génération, construire mieux pour leurs enfants.

Les héros américains sont ainsi, travailleurs. Car seul le travail paye. Et tous s'accordent à dire que Michael travaillait beaucoup. Les héros américains sont des meneurs d'hommes. Et Jordan a su hisser le niveau de jeu de ses coéquipiers pour réussir l'exploit de six titres du championnat le plus exigeant et le plus long au monde. Mais les héros américains sont des héros solitaires. Et c'est en solitaire que bien souvent, par ses exploits personnels, Jordan a conduit les siens à la victoire.
Mais les héros américains ont aussi leur noirceur. Souvent hargneux avec ses coéquipiers, parfois vindicatif avec ses adversaires... Hyper-actif, joueur invétéré, parieur insensé... Jordan est tout cela.

Il laisse, à la lecture de cette biographie très – trop ? - exhaustive un immense paradoxe. Entre instant de grâce, où Jordan laisse en suspend cette question " Michael vole-t-il ? " balle en main. Et moment de déception, où l'on évoque le discours très amer qu'il a prononcé lors de son entrée au panthéon de son sport...
Un sentiment de regret en terminant ce livre, trop épais, trop long. S'attachant à des détails, décrivant pas le menu certains matches. Conjecturant sur des rumeurs ou surfant sur des on-dits... L'image de Jordan est peut-être plus troublée après la lecture de cette biographie.
Le tout amplement desservie par une lourdeur dans la traduction et des fautes d'orthographe grossières ( Je rappelle qu'au pluriel, les mots hibou, chou, joujou, caillou et surtout genou prennent un ?... [ p. 496 ]).

On est presque heureux de quitter cette idole insolente, de génie comme d'excès...
Mais on garde toujours en suspend cette question : Michael Jordan a-t-il fait le sport-spectacle ou le sport-spectacle a-t-il fait Michael Jordan ?...
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