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Critique de Krissie78


Oblivia n'a que 7 ans lorsqu'elle est séparée de sa mère, laquelle ne lui a pas donné de nom et n'a aucun geste affectueux vis-à-vis d'elle. C'est le maître et propriétaire de la plantation qui va la nommer « Oblivia » qui signifie « oubli ». Dans la maison du maître, devenue la domestique de son épouse, la petite fille va rapidement comprendre pourquoi. Au service de Madame de Lalung, Oblivia va connaître un destin unique qui la conduira de sa Martinique natale à Paris et en Autriche.

C'est en voyant un dessin d'un épisode important de la Révolution Française, à savoir l'abolition de l'esclavage, que Viktor Lazlo a eu l'idée de créer ce personnage très romanesque. Oblivia aura un destin fait de violence et d'amour. Métisse, elle sera toute sa vie partagée entre deux mondes. Et même si son coeur et son âme la relient à ses amis esclaves, elle ne sera jamais acceptée ni par les siens ni par ceux parmi lesquels sa maîtresse l'intégrera.
Le roman est écrit comme une longue confession qu'Oblivia fait à sa descendance. Elle y évoque chronologiquement son parcours étonnant : sortie de la rue case-nègre du domaine des Bois-Tranchés, elle croit que sa vie sera privilégiée dans la maison du maître. Elle aura partiellement raison mais y connaîtra aussi l'enfer, les humiliations, les violences sexuelles et psychologiques. Mais elle survivra, portée par la volonté de voir un jour les siens accéder à la liberté, tout en étant constamment tourmentée par le cas de conscience qu'elle ressent du fait des privilèges dont elle bénéficie et qui l'éloignent des autres esclaves.

A force de parler de l'esclavage dans les plantations de coton américaines on aurait tendance à un peu passer sous silence le fait que la France n'a pas seulement participé à la traite des noirs par le biais des transports par bateau mais a aussi exploité ces populations déplacées de force, et que leur sort n'avait rien à envier à celui des esclaves américains.

Je suis toutefois étonnée par le regard porté sur les personnes noires par les Parisiens et les Autrichiens de 1792, tout du moins sous la plume de l'auteure, un regard plutôt bienveillant. Peut-être parce que dans la seconde partie du roman, qui se passe sur le continent européen, Oblivia est moins actrice de sa vie et que ce passage finit par plus ressembler à une succession de dates et de faits historiques dont Oblivia est le témoin assez passif.

En fait Oblivia ne choisit pas son destin. Elle ne le fuit pas non plus. Elle est portée par lui, par quelque chose qui la dépasse jusqu'à ce que le peuple commence à se soulever en 1789 (mais elle parle alors avec les mots de celle qui connaît le futur et reste quand même bien protégée dans les murs de l'hôtel dont elle a hérité, avec le vocabulaire soigné des livres auxquels elle a pu accéder).

Il a aussi sous la plus de Viktor Lazlo une critique, voire une condamnation, de la religion et de ce clergé français qui soutenait l'esclavage. Une position envers laquelle Mme de Lalung est en opposition, tant politiquement que dans son comportement.

Après un début très rythmé, romanesque et dramatique, le style change en passant de l'autre côté de l'Atlantique, au point que je n'ai pas ressenti le souffle de la Révolution Française.

Au final une lecture intéressante mais un roman qui s'essouffle et me laisse un peu sur ma faim.

Merci aux Éditions Robert Laffont et à Babelio pour cette découverte.
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