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Critique de henritheureau


RAGA JMG le Clézio
Quelques notes de la part de Henri Theureau – htheureau@mail.pf
BP 723 UTUROA 98735 RAIATEA Polynésie Française
p. 11 "…le baptise du triste nom de Nouvelles-Hébrides en souvenir de son pays natal." D'abord je ne vois pas ce que le nom de Nouvelles-Hébrides a de plus triste que celui de Nouvelle-Calédonie ou de Nouvelles-Cyclades, ou de New-York ou de Nouvelle-Orléans. Ensuite Cook était né, non pas dans l'archipel écossais des Hébrides, mais à Marton, comté de Cleveland, dans le Yorkshire. Il a baptisé la Nouvelle Calédonie en souvenir de l'Écosse, que les montagnes émoussées de cette île lui rappelaient, et les Nouvelles-Hébrides pour la même raison : ces cailloux tombés du ciel et qui émergent, abrupts, dans une mer peu hospitalière n'ont rien à voir avec la douceur des îles à lagons de la Polynésie orientale, mais lui ont rappelé sans doute le côté un peu paumé et sauvage des Hébrides écossaises.
p. 14 "…Le désir… l'urgence… les a chassés vers l'horizon… dans la direction du soleil levant. Peut-être ces hommes cherchaient-ils à retrouver la terre de leurs ancêtres, là où vivent les morts ?" Ce n'est pas en allant d'ouest en est que les peuples du Pacifique auraient eu une chance de retrouver leurs ancêtres. C'est dans l'autre sens, ce qui paraît logique si l'on admet qu'ils viennent tous du continent asiatique. En effet, ce sont les Polynésiens établis aux îles de la Société qui nomment Havai'i les Samoa d'où ils venaient (la plus grande île des Samoas occidentales s'appelle encore aujourd'hui Savai'i), et c'est sans doute lors d'un de ces voyages de retour aux origines qu'ils furent poussés vers le sud et découvrirent la Nouvelle-Zélande, vers l'an 800 de notre ère, pense-t-on généralement.
Ce découvreur a un nom : Kupe (prononcer Koupé). Les Polynésiens, comme plus tard les Européens, nommaient souvent les terres qu'ils découvraient du nom de terres qu'ils connaissaient, ainsi Ra'iatea (qui, au passage, est à l'ouest de Tahiti), se nommait autrefois Hava'i, et il s'y trouve une vallée nommée Hamoa (Hava'i/Sava'i ; Hamoa/Samoa). Et le nom de la grande Hawaii, aujourd'hui américaine, est donc sans doute le souvenir direct de Ra'iatea, qui semble avoir été, à l'époque de ces grandes migrations polynésiennes, une sorte de centre culturel et religieux (culte du dieu ‘Oro), peut-être point de départ de ces migrations. C'est en effet – du moins est-ce ce qu'on pense dans l'état actuel des recherches, surtout linguistiques – à partir des îles de la Société qu'on été peuplées Hawaii et Aotearoa (la Nouvelle Zélande). L'île de Pâques, Rapa nui – la grande, l'aurait été à partir des Marquises, mais il existe une Rapa iti – la petite, tout au sud de Tahiti, dans l'archipel des Australes.
p. 19 "Les noms des étoiles majeures… étaient connus dans la langue ma'ohi dans tout le Pacifique." La langue ma'ohi, voilà qui ne signifie pas grand-chose, la traduction littérale de ce terme donnant la langue « indigène ». Laquelle ? Indigène à quoi ? aux Marquises, aux Tuamotu, aux Australes ? le terme ma'ohi a été mis à la mode il y a une vingtaine d'années par le poète tahitien Henri Hiro, qui s'est ensuite fait taper sur les doigts par pas mal de gens, dont ceux de l'académie tahitienne (Fare Vana'a), l'adjectif ma'ohi n'ayant jamais été jusque-là appliqué à des personnes, mais uniquement à des plantes et à des animaux… Il est vrai que le terme a eu ensuite beaucoup de succès auprès des indépendantistes d'Oscar Temaru, un peu moins auprès des Marquisiens et autres Paumotu, lesquels estiment s'être déjà suffisamment fait coloniser linguistiquement par les Tahitiens.
Le raccourci – cette pirogue mélanésienne naviguant, sans doute autour de l'an moins 3 ou 4000, en utilisant des termes polynésiens fixés 4 ou 5000 ans plus tard par les Polynésiens de l'Est avec qui elle ne peut guère avoir été en contact – le raccourci est audacieux. Je comprends bien ce que vous voulez dire, dans l'orthodoxie de Guiart & Co, à savoir qu'il n'y a pas de grosse différence entre Poly et Mélanésiens. Je suis tout à fait d'accord. Cela s'appelle quand même tirer la réalité (ou le très peu qu'on en sait) par les cheveux. Cher JMG, le lyrisme poétique, c'est bien, mais lorsqu'il s'appuie sur l'exactitude géographique et historique, c'est encore mieux.
p. 28 "Malekulo." C'est la première fois que je rencontre cette orthographe. Je connaissais Malekula (graphie anglaise), et Mallicolo (graphie française). Serait-ce la graphie de Pentecôte ?
p. 30 …des tambours en racine de fougère. Voilà qui est nouveau. La racine de fougère est une matière qui offre à peu près l'aspect et la consistance, en plus dur, de l'éponge végétale (luffa, papengaye, courge-torchon…). C'est un conglomérat de radicelles noires très facile à tailler à la machette. On en fait des statues de passage de grade, les plus belles à Ambrym, mais jamais des tambours. Ils tomberaient en miettes à la première utilisation.
p. 32 "…ce que les anthropologues ont schématisé sous le nom de kastom, la tradition." Les anthropologues n'ont rien schématisé du tout, ce sont les Mélanésiens eux-mêmes qui désignent, en bislama, l'ensemble de leurs coutumes (custom en anglais, merci !). Nagol, emia kastom blong mifalla.
p. 39 "…le beau nom de Vanuatu." Sans doute pour faire pendant au triste nom de Nouvelles-Hébrides. Vanuatu, une autre orthographe du nom (polynésien) du parti de l'indépendance, le Vanua'aku Pati, est un nom inventé de toutes pièces. Vanua, c'est le fenua des Tahitiens. Vanua-atu signifie « mon pays ». C'est sans doute un beau nom lorsqu'on a été privé de pays pendant un siècle et demi, j'en conviens volontiers. Mais la réalité géographique qu'il recouvre est une réalité coloniale. le « pays » d'un insulaire, aujourd'hui encore, c'est son île, exclusivement. Les gens de Ra'iatea, où je vis, n'aiment pas beaucoup qu'on les appelle Tahitiens. Ils sont Ra'iatéens d'abord. Et je suis prêt à parier que Charlotte se sent man Penticos, ou man Raga avant de se sentir Ni-Vanuatu. Mais bon…
p. 47 "Les razzias entre les habitants des îles devaient être une pratique courante, pour l'appropriation des biens et la capture d'esclaves." C'est la première fois que j'entends parler de pratique de l'esclavage entre les gens du Pacifique. Certes, plus tard, les chefs de village sauront se débarrasser d'individus encombrants ou trop remuants en les “vendant” aux Blackbirders. Mais ce qui faisait l'objet des razzias semble avoir été en priorité les femmes (les échanges de femmes entre le sud-Pentecôte et le nord-Ambrym existait encore au début des années 1970). A cela, une raison simple : la nécessité de l'exogamie, que tous les peuples du monde semblent avoir comprise très tôt. En impliquant que les anciens Mélanésiens auraient peut-être pratiqué l'esclavage, vous leur faites un procès tout à fait gratuit, limite calomnie, ou alors, vous êtes victime des clichés des romans d'aventures (razzia = capture d'esclaves). Quoi qu'il en soit, produisez vos sources.
p. 55 "…les Shepherd Islands, du nom d'un des officiers de Cook." Hé non, Shepherd n'était pas là ! Voyez plutôt :
“[I named them] Shepherd's Isles, in honour of my Worthy friend Dr Shepherd Plumian Profr of Astronomy at Cambridge. [As for] the two close to the large island of Efate I named the one Montagu and the other Hinchinbrook and the large Island Sandwich, in honour of my Noble Patron the Earl of Sandwich”. (Cook's log, July 24, 1774)
Faut-il que je continue? Vous insistez? Allons-y:
p. 73 "…Le kava… C'est la plante liée au peuple mélanésien, à son histoire, à ses rêves." Aujourd'hui, certainement, mais le kava existait, et il est en train de renaître, en Polynésie où il fait partie des cérémonies d'accueil à Wallis & Futuna, à Samoa, Tonga, et même à Tahiti où il avait été interdit par les missionnaires et où Oscar Temaru tente de le réintroduire dans le cérémoniel d'accueil. D'ailleurs le mot tahitien 'ava sert à désigner l'alcool, 'ava'ava c'est le tabac, et 'ava'ava taero le pakalolo, c'est-à-dire la marijuana ma'ohi. (Pas vraiment ma'ohi d'ailleurs puis que la plante, d'origine californienne, a été importée de Hawaï dans les années 70.) Bref, s'il y a une chose commune à tous les insulaires du Pacifique, c'est bien le kava.
p. 80 « Stéphane Tabiri 9 may 1872 Vanuatu » Juste pour signaler qu'en 1872 le mot Vanuatu n'existait pas, ni sa réalité géographico-politique, et que donc cette dalle, ou en tout cas cette inscription, est postérieure à l'indépendance (1980).
p. 87 "Après avoir transpercé la mâchoire supérieure, les dents au long des années s'enroulent en spires et font plusieurs tours. Leurs mâchoires ainsi clouées ne peuvent plus s'ouvrir, et les porcs doivent être nourris de bouillies par leurs propriétaires."
Les canines inférieures, libres de se développer, ne transpercent pas la mâchoire supérieure (il serait bien idiot, le porc qui garderait les mâchoires serrées en attendant qu'elles se clouent l'une à l'autre). En revanche, il est sûr qu'elles procurent au porc un certain inconfort pour manger, et c'est pourquoi on le nourrit à la main dans les premiers stades du développement des canines inférieures. Celles-ci ensuite, oui, se recourbent vers l'arrière et – parfois, mais pas toujours – se replantent dans la mâchoire inférieure, et il est vrai qu'elles peuvent faire un tour, un tour et quart ou et demi. Je n'ai jamais vu, ni entendu parler de deux tours complets.
Pour le rôle des cochons dans le système social mélanésien, Joël Bonnemaison m'avait raconté une histoire d'Aoba, que nous avions mise en scène avec les élèves du Lycée de Port-Vila dans les années 70. C'était la dernière d'une série de quatre légendes des commencements, où figurait aussi celle de Barkolkol, que vous racontez dans Raga (p. 83 dans mon exemplaire, Coll. Points). Dans cette légende, la « route de la guerre » est tout simplement remplacée par la « route du cochon ». Il semble qu'il y ait eu à un moment quelqu'un de sensé qui ait dit « Arrêtons de nous entretuer, j'ai une meilleure idée, rivalisons en élevant les plus beaux cochons. » Si je retrouve mon MS, je vous l'envoie.
p. 97 "Slit gongs." Pourquoi ces deux mots anglais ? Pour faire joli ? En bislama, on dit tamtam, en français “tambours de bois”, de bois fendu si vous y tenez.
p. 104 "Sans doute ne devrait-il jamais y avoir d'autre raison au voyage que celle de mesurer exactement ses propres incompétences." Ça, c'est une très belle phrase, je vous la pique et je la ressortirai.
p. 105 "Ce haut magistrat qui rendait la justice à Port-Vila en espagnol, en souvenir de Quirós et de Magellan." Je pense que vous faites erreur. L'histoire dont je me souviens, c'est que rendre la justice dans un condominium franco-britannique ne devait pas être de la tarte pour un magistrat, qu'il soit français ou british. Je ne sais pas si le système a été pérennisé, mais je sais qu'à une époque on a fait appel à un juge de culture espagnole, peut-être chilien, pour être sûr qu'il soit équitable. (Savez-vous qu'au XIXe, le dollar chilien était la monnaie standard dans le Pacifique ?) Voilà ce qu'en dit un résident actuel :
« La Convention de Londres du 20 octobre 1906 met fin aux controverses diplomatiques et institue le Condominium Franco-Britannique des Nouvelles Hébrides. […] Les Commissaires-Résidents Français et anglais siégeant à Port-Vila sont subordonnés aux Hauts-Commissaires de France et de Sa Majesté Britannique résidant à Nouméa et à Suva. L'institution essentielle du Tribunal mixte règle les problèmes juridictionnels de conflits de lois et compétences. le Juge-Président neutre sera désigné par le roi d'Espagne, en hommage au souvenir De Queiros, découvreur de l'Archipel. » http://port-vila.blogspot.com/

p. 108 “John Frum… son emblème fut la croix noire en bois de fer.” [Ici, carte postale de la croix rouge des John Frum] Daltonien, JMG ?
“Après avoir connu des fortunes diverses, le mouvement [John Frum] disparut en 1980 au moment de l'indépendance.” Disparu, John Frum ? Ah bon ? Voyons voir ce que nous dit Wikipedia :
Current cults
Over the last sixty-five years, most cargo cults have disappeared. However, some cargo cults are still active including:
• The John Frum cult on Tanna island (Vanuatu)
• The Tom Navy cult on Tanna island (Vanuatu)
• The Prince Philip Movement on Tanna island (Vanuatu)
• Yali's cargo cult on Papua New Guinea (Madang-region)
• The Paliau movement on Papua New Guinea (Manus island)
• The Peli association on Papua New Guinea
• The Pomio Kivung on Papua New Guinea [4][5]
Trois pour le prix d'un. D'ailleurs, sur ce sujet, je vous recommande The Trumpet shall sound, de Peter Worsley, (London 1957, McGibbon a Kee), et surtout la somme de Joël Bonnemaison sur Tanna, La Dernière Île (Arléa, 1986).
http://www.youtube.com/watch?v=¤££¤236De Sa Majesté Britannique200¤££¤0
Voilà une vidéo du John Frum Day à Tanna, un peu longuette, mais dont la bande son me laisse à penser qu'elle est assez récente, avec une danse coutumière à la fin. Joël a bien montré l'intrication des cargo-cults et de la coutume, et comment à travers l'apparent syncrétisme de ces “cultes”, les Mélanésiens tentent de se réapproprier leur culture, et le monde – par le biais de la coutume. D'ailleurs, les cultes de ce type ont commencé en Polynésie, et les Mamaïa de Tahiti (1826-1841) que Segalen met plus ou moins en scène dans Les Immémoriaux possédaient déjà cette ambivalence.
(Au passage, je suis bien conscient que Wikipedia et YouTube ne sont pas parole d'évangile, mais bon, quand même, et puis la carte postale avec la croix rouge, elle était déjà en vente à Vila dans les années 70.)
p. 116 "…une masse de cheveux frisés éclaircis à la chaux de corail." Ça c'est une erreur classique des touristes en Mélanésie : ils sont persuadés que les mignonnes petites Canaques blondes se décolorent les cheveux. Mais pas du tout. Ces cheveux clairs sont un des caractères secondaires assez fréquents de la “race” mélanésienne. C'est comme ça. Des nègres blonds. Ça vous la coupe, hein ?
p. 117 Alors là, je crois que je vais me mettre en colère. Exécuter Fletcher en deux lignes en le traitant de violeur, et Gauguin en le traitant de pervers, ça fait deux mauvaises actions. Avez-vous vraiment lu Isles of Illusion, je veux dire la VO, pas la traduction misérable faite en 79 pour le Sycomore par une nana qui n'avait aucune idée de ce qu'est le Bislama et qui traduit, par exemple mifalla [soit me and my fellows, égale « nous exclusif de l'interlocuteur »] par « mon bonhomme » ! [nous, inclusif de l'interlocuteur se dit yumi, soit you and me, ce qui fait sens]. Jamais il n'est question de viol, bien sûr, mais j'aimerais savoir ce qui vous permet de juger de façon aussi lapidaire ce pauvre Fletcher et de le traiter de violeur. Voici la première page qu'il écrit sur elle, qui s'appelle Onéla : [ici, photocopie du texte de Fletcher en anglais]

Si la belle "brave les fantômes de la nuit pour venir dormir sur le paillasson devant sa porte en attendant de lui faire le café", je doute que ça ait été un viol bien douloureux.
Quant à Gauguin, je sais qu'il est de bon ton aujourd'hui dans les milieux politiquement corrects, en particulier ici en Polynésie française, de le traiter de pédophile et de tourner la page. Relisez-le, Noa Noa, où y voyez-vous de la perversion ? Une jeune fille nubile donnée en mariage “à l'essai” – il est convenu qu'elle pourra revenir quand elle le voudra si elle n'est pas heureuse avec le Popa'a – et par ses parents eux-mêmes. Je sais bien que la différence d'âge est choquante pour nous aujourd'hui, mais faisions-nous toujours dans la parité, pour les âges, chez les bourgeois de la fin du XIXe, et d'avant ? La moitié des comédies de… Molière reposent sur cette situation. Et encore une fois, où est la perversion ? Gauguin n'était pas un bonhomme très reluisant et la raison principale pour laquelle je lui en veux, c'est d'avoir refilé la vérole aux petites Marquisiennes alors qu'il savait qu'il s'était fait “plomber” par une fille à la sortie d'un bal popu, juste avant son dernier retour. C'est monstrueux d'égoïsme, mais ce n'est pas pervers. Et pour l'absoudre de sa fameuse pédophilie, voici une statistique inattendue : aujourd'hui encore, 75% des gamines d'ici obligées de quitter l'école parce qu'elles sont enceintes le font en 5ème ou 4ème, c'est à dire à 13 ou 14 ans. Et Gauguin est mort depuis longtemps. Arrêtons de jouer les pères-la-pudeur, ici comme en Afrique, en Asie et comme chez nous à la campagne lorsque le curé n'est pas derrière, les filles baisent quand elles sont nubiles, point à la ligne. Pilule ou pas.
p. 120 "…son idée fantaisiste d'une origine indo-européenne ou sanskrite des Polynésiens." On peut être indo-européen d'origine, mais peut-on être sanskrit d'origine ? Un texte, une grammaire, oui. Un peuple sanskrit ? J'en doute un peu.
p. 123 "Ils ont édifié une nouvelle culture, une nouvelle religion, issue de la rencontre." Une nouvelle culture, certes, c'est large, la culture. Une nouvelle religion ? Je ne vois pas laquelle à part le culte de John Frum à Tanna. Ce que je vois, en Mélanésie comme en Polynésie, c'est la marée incessante des sectes américaines, Presbytériens, Adventistes du 7ème jour, Témoins de Jéhovah, Pentecôtistes, Évangélistes de tout poil et les Mormons, omniprésents dans leurs slips à pompons et leurs cravates de voyageurs de commerce. Et puis les cathos, bien sûr, aux Tuamotu, aux Marquises et à Wallis, où ils tiennent la rue comme les curés bretons les jours de pardon. Dans ce domaine, je crains que les insulaires n'aient pas édifié grand-chose.
p. 123 "…pour dire « il est en colère », on dit him pissop (pissed up)." Non, pissed up, en anglo-australien, ça veut dire ivre, bourré. Fâché, c'est pissed off, qui se rendra aussi par pissop parce qu'en phonétique mélanésienne, le p et le f, c'est la même chose.
p. 126 "…fêtes de marrons, fêtes de « broussards » comme on les appelle au temps de la colonie française aux Nouvelles-Hébrides." Dans le français des Caldoches et des planteurs de Vila, un broussard, ce n'est pas un Canaque, c'est un Blanc qui vit en brousse. Un Canaque, c'était un « boy ». Et ce qui m'a le plus choqué en arrivant là-bas, c'est d'être appelé « masta » ; il me semble que juste avant l'indépendance, les Hébrides étaient le seul endroit au monde où les Blancs étaient encore appelés « maître » par les indigènes. Mais il est vrai que le terme était en train d'évoluer rapidement vers le sens de « monsieur », qu'il a aujourd'hui (lequel vient de mon seigneur, ce qui vaut bien « maître »).
***
Voilà, j'en ai terminé. J'avais lu autrefois quelques-uns de vos livres, que j'avais trouvés lents et longs mais pas désagréables, d'une poésie lyrique, assez répétitive (Le Chercheur d'Or, peut-être ? Je vieillis et je perds la mémoire). Celui qui m'a le plus marqué a été Diego et Frieda. Il se trouve que je connais un peu le Pacifique. Avez-vous remarqué que, dès qu'on connaît un peu un domaine, un pays, une activité, on trouve une foule d'erreurs chez les gens qui en font des articles ou des l
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