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Critique de Renod


Renod
16 février 2017
Deux coeurs déchiquetés. Le commandant de police Pierre Vilar est un homme brisé. Son fils a été enlevé à la sortie de son école il y a cinq ans. L'enquête policière n'a rien donné et il ignore si son fils est toujours en vie. le deuil est donc impossible et la blessure reste ouverte, vive, brûlante. Dans une autre ville de l'agglomération bordelaise, Victor découvre le cadavre de sa mère en rentrant du collège. L'identité de son père étant inconnue, il est dirigé vers un foyer avant d'être confié à une famille d'accueil. Les destins de ce père qui pleure son fils et ce de fils qui pleure sa mère vont se croiser dans une longue descente aux enfers.

Alors oui, on frise le « déjà lu », la base Babelio doit contenir des dizaines d'ouvrages ayant une intrigue similaire. Mais Hervé le Corre apporte sa touche personnelle. Son style est travaillé avec une écriture simple et efficace pour les scènes d'action qui devient belle et travaillée pour rendre des moments poétiques ou oniriques (je pense notamment à la descente en barque de l'Estuaire de la Gironde).

J'ai été une nouvelle fois marqué par la justesse de cet auteur. J'ai souvent l'impression que les personnages de romans policiers français ne sont pas ancrés dans la réalité, qu'ils sont plus inspirés par d'autres fictions que par un quelconque vécu, que le roman situé en France pourrait facilement se dérouler dans un autre pays, il suffirait de changer les noms des localités. Les personnages de le Corre, eux, sont crédibles. Il sait parfaitement rendre des émois d'adolescents, la maladresse d'un éducateur, l'état d'esprit d'un maçon fourbu après une journée de travail. Son réalisme passe par un détail vestimentaire, la description d'une attitude, d'une réaction.

La Gironde sert de décor au roman. Il puise son identité moins dans les scènes urbaines qui se déroulent dans la métropole bordelaise que dans celles se déroulant dans le Médoc, à proximité de Pauillac.

C'est à mes yeux un roman « transgenre » puisqu'il emprunte aussi bien aux registres du roman policier, du polar et du thriller. L'intrigue est animée par une enquête policière classique, la tension monte progressivement, il y a des descriptions de corps torturés ou dispersés à la chevrotine et le tout est porté par une vision sombre de la société. le personnage de Victor est touchant et son portrait offre une contradiction lumineuse au voyage qui conduit Vilar au bout de la nuit.

« Les coeurs déchiquetés » est un roman ambitieux tant dans son écriture, son atmosphère que sa construction. S'il ne se singularise pas par l'originalité de son intrigue, c'est à mes yeux une oeuvre aboutie qui peut faire référence dans son genre.
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