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Critique de blaisejoinlambert


Taravana, c'est, ainsi que les pêcheurs de nacres et de perles des îles d'Océanie nomment le mal des profondeurs – l'accident de décompression des plongeurs en apnée. Pour s'être trop longuement et fréquemment approché des fonds marins, l'homme affligé de Taravana, Icare aquatique, s'en est retourné les membres raidis, les sens engourdis et l'esprit dément, sénile avant l'âge. Taravana, ce mot sert plus prosaïquement, chez les Polynésiens, à désigner le type un peu dérangé. D'où sa composition : « tara », tomber et « vana », fou. Deux significations également valables, relevant du registre soit technique soit générique, et que nous retrouvons l'une et l'autre présentes – et même conjointes – dans ce livre.

Taravana... ce titre intervient deux fois : d'abord comme désignation d'une nouvelle – et c'est le syndrome brutalement clinique –, mais aussi de l'ensemble du recueil – incitant le lecteur à scruter, dans chacun de ces neuf récits de vie, le grain de folie des personnages, et en eux agissante, l'attraction destructrice de tréfonds intérieurs.

Nicolas le Golvan nous fait découvrir une galerie contrastée de personnages souvent aux lisières, ayant atteint le point culminant où tout pourrait basculer, et que l'équilibre précaire d'une existence, maintenu coûte que coûte, menace de décomposer irrémédiablement ; – des personnages gorgés de solitude et d'inutilité, ou dont la vie s'est comme figée, et fonctionne à vide ; – qui cherchent à fuir et à s'extirper de ce monde qui les tient si étroitement et qu'ils se sont eux-mêmes construits à l'insu de leur plein gré : carrière professionnelle, attachements amoureux et filiaux, autant de liens qu'ils ont si laborieusement tissés... D'une individualité à l'autre, les points d'usure dans la couture humaine, tels que nous les décrit Le Golvan, varient infiniment, mais nous nous y reconnaissons pourtant : puisqu'ils sont faits de la même pâte que nous.
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