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Critique de hcdahlem


Sur la route d'Anvers

Dans un road-trip un peu déjanté, Samuel Lebon raconte le voyage de Darline, partie à Anvers retrouver Lennon, l'homme qu'elle aime et qui veut se faire castrer. Parviendra-t-elle à l'en dissuader? C'est l'un des enjeux de ce roman joyeusement foutraque.

Évoquer un road-trip de Poissy à Anvers, ça ne fait pas forcément rêver. Y ajouter qu'il s'agit pour une femme et sa fille de retrouver son homme pour qu'il ne se fasse pas castrer, cela n'ajoute guère de romantisme à l'affaire. Et pourtant ! Pourtant le voyage de Darline, qui décide de retrouver Lennon, vaut le détour.
Parce que durant tout le long du voyage, elle va nous raconter comment, avec son copain d'enfance, elle a construit son couple et comment, malgré les vicissitudes, elle n'a cessé de croire en leur histoire
Parce que la musique donne au récit son rythme si particulier. La musique qui fait partie de la vie des protagonistes qui vivent sur une péniche qui est aussi salle de concert, qui rêvent de leur propre studio et qui ne peuvent vivre sans leurs groupes et chanteurs favoris. Dans sa Peugeot 1007 déglinguée, Darline a fort heureusement des cassettes qui vont l'accompagner. Mais la musique, c'est aussi celle des mots qui composent ce livre et qui chantent à nos oreilles. Essayez de le lire à haute voix et vous verrez comme il sonne bien. Un peu comme un exercice de slam.
Parce que derrière ce voyage à l'issue incertaine se cache une double réflexion, celle sur le statut des hommes d'aujourd'hui, censés se conformer aux injonctions post #metoo et qui se découvrent fragiles et désorientés et celle sur le combat féministe loin d'être gagné: «Lennon couche avec moi parce que je suis la seule femme qu'il fréquente encore. C'est pas vraiment le conte de fées. Je suis la dernière roue du carrosse. Tu parles d'un carrosse. Une pauvre citrouille. (…)
Jamais il m'achète de fleurs. Jamais on part en vacances. Même pas un brin de muguet.»
Tout au long des rencontres qui vont jalonner son parcours, Darline aura l'occasion de confronter son point de vue, pas toujours pour y voir la confirmation de ses idées, et de s'ouvrir à d'autres horizons. C'est plein de sexe et de rock'n'roll et ça se termine sur un carnaval endiablé, comme la Belgique peut en proposer avec cette «Nuit des Trouilles de Nouilles».
Samuel Lebon a un style qui épouse parfaitement son propos, cru et libre, plus préoccupé de la sonorité que de la syntaxe. Ici les enterrements sont plutôt des fêtes d'adieu, les relations aussi éphémères qu'intenses et l'amour – le vrai – peut-être au bout de la route. Va savoir…
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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