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Critique de VirginieDucay


Si vous aimez les tragédies shakespeariennes, les passions humaines exacerbées par la folie des cieux et la fureur des tempêtes océanes ; si vous frissonnez sous les secrets enfouis dans « la lande rase » et les ciels menaçants des Hauts de Hurlevent, dans « les pins et les genêts, les buissons de bruyère roses ou mauves […] ; les sources secrètes, les rochers et leurs lichens »; si vous vous émouvez sous la plume humaniste, belle à mourir de Victor Hugo, alors chaussez vos vieilles bottes de marin et vos coiffes de dentelle et arpentez, au côté de votre « ombre qui rit », le « sentier côtier râpé et noir brûlé de vent, enivré d'aubépine, de giroflée des dunes et de carottes sauvages, […] les queues-de-lièvre, les pourpiers, le liseron timide ». Laissez-vous ballotter, emporter par langue passionnée et tendre, fulgurante de beauté, d'érotisme, de poésie de Gaëtan Lecoq.
Dans ce huis clos d'une île bretonne au début du XXe siècle, l'enfance korrigane dans « le vent qui couche les bruyères et les ajoncs », avec ses rêves d'envol « jusqu'en haut du ciel, à planer dans les airs comme les sternes et les mouettes qui crient en ricanant », l'honneur bafoué, les haines, les non-dits, les drames, et puis l'amour, toujours, « qui donne forme humaine », le « pas de vertige dans le frais manteau de bruine », les « pauvres coeurs affolés », les « coeurs écorchés » dans cette petite vie misérable, éphémère, vouée aux « souffles de marbre » de l'Ankou, face à la « mer de poix gluante », « éternelle et changeante, immensité sans repos », qui vous « brave de ses feux follets sous le ciel ensoleillé ».
Puis allez vous asseoir « sur la plage de Coz-Coad ou sur celle de Ker-Elen », écoutez les « esprits errants », les « âmes dérivantes », les « fantômes indécis » des falaises et des dunes, et regardez les vagues : elles « viennent doucement lécher le sable, déposant écume et algues sur l'estran, effaçant les pas des amoureux, effaçant les traces des drames et celles de la joie », les lavant indéfiniment de « tous les souvenirs du monde ».
Des nouvelles de Melenez, de Gaëtan Lecoq, aux éditions La Part Commune.
Sublime.
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