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Critique de Andromeda06


Pour la création de ce roman graphique, Jeff Lemire s'est inspiré de son auteur préféré, Haruki Murakami (dont j'entends beaucoup parler mais que je n'ai pas encore pris le temps de découvrir), un auteur visiblement doué pour mêler une autre réalité à la nôtre. Je ne sais pas si c'est vrai mais Jeff Lemire a eu une bonne inspiration en tous les cas. "Le labyrinthe inachevé" est en tout point une réussite.

Voilà maintenant dix ans que Will a perdu sa fille, partie à 11 ans d'une longue maladie. Dix ans qu'il reste coincé toujours à la même étape de son deuil : la dépression. Dix ans qu'il s'est empêtré dans une routine qu'il ne veut pas quitter : métro boulot dodo. Dix ans qu'il erre dans ses souvenirs à la recherche du visage de sa fille, qui s'est estompé de jour en jour... Une nuit, il est réveillé par son téléphone : au bout du fil, sa fille lui dit qu'elle s'est perdue...

Wendy était une adepte de puzzles et surtout de labyrinthes. Quand elle a quitté ce monde, elle a laissé un labyrinthe inachevé, qu'elle n'a pas eu le temps de terminer... Will est persuadé que sa fille, bien vivante, est perdu dans ce labyrinthe...

Mais où trouver ce labyrinthe ? Que représente-t-il ?

Jeff Lemire nous démontre, à travers la quête et les espoirs de Will, qu'il est aussi facile de se perdre dans un labyrinthe que dans les méandres de ses pensées et souvenirs. Quand on est au fond et qu'on refuse de lever les yeux, quand l'on se sent en sécurité dans ses souvenirs et ses regrets, on perd son chemin, on se perd tout simplement. Il suffit parfois d'une petite étincelle, d'un petit déclic (un appel à 3h du mat' dans le cas de Will) pour nous réveiller, reprendre espoir, revenir à la vie...

Will ne trouvera pas ce qu'il cherchait, mais il trouvera autre chose, qui lui permettra de sortir un peu la tête de l'eau...

J'ai beaucoup aimé. Ce papa en plein deuil, qui refuse de vivre de peur de perdre le souvenir de sa fille, m'a beaucoup touchée. Ses souvenirs, ses peurs, ses regrets, ses espoirs se mêlent et s'emmêlent à notre réalité. C'est à la fois très subjectif et surnaturel. Mais contrairement à Will, on ne se perd pas, on comprend bien avant lui les chemins qu'il doit prendre pour trouver la sortie, ou plutôt le centre du labyrinthe qui détient la réponse qu'il attendait sans le savoir.

Les graphismes valent le coup d'oeil également. Les dessins quelque peu approximatifs, flous, qui se confondent, pas toujours très structurés (et pourtant très expressifs et convaincants), les couleurs plutôt ternes, le visage défait de Will, sont à l'image de Will lui-même, de son histoire, de ses ressentis. C'est beau et émouvant.

Je ressors de cet ouvrage le coeur à la fois en miettes et en liesse. Mes émotions, à l'opposé l'une de l'autre, se mélangent, je ne sais plus si je dois pleurer ou sourire. C'est beau, c'est triste, c'est touchant, c'est réel et irréel tout en même temps. L'auteur aurait-il réussi à me perdre dans un labyrinthe d'émotions diverses ? Sans aucun doute...
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