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Critique de mosaique92


Peu de temps avant sa mort, Sophie découvre que sa grand-mère consigne les étapes de sa relation avec sa petite-fille puis celle avec son arrière petite-fille dans des carnets qu'elle ne lira que progressivement.
C'est l'occasion de redécouvrir maints épisodes communs avec cette grand-mère tant aimée (« Elle est ma colonne vertébrale, mon repère »). Elle va aussi découvrir l'autre côté du miroir : comment sa grand-mère a vécu leur relation, de la complicité avec la petite fille à celle avec la jeune femme en passant par les révoltes de l'adolescence ; puis la relation arrière grand-mère/arrière petite fille avec sa fille. Une constante : l'immense amour de cette femme pour toutes les deux et la place importante qu'elles occupaient dans sa vie ; un amour pudique, des souvenirs doux-amers pour celles à qui la relation privilégiée qu'elles entretenaient avec la disparue manque tant (« Je ne lui écris plus. Mais je continue à lui parler parfois, tout haut »).

Elle va également découvrir des lettres entre sa grand-mère et son grand-père qu'elle n'a pas connu (« Je ne savais rien de lui. Il avait fallu qu'elle meure pour qu'en moi, il prenne vie ») ; là encore un très grand amour qui persistera malgré un veuvage précoce. Sophie découvre que, malgré le chagrin, la femme s'est alors effacée devant la mère, puis la grand-mère et arrière grand-mère sans faire peser ce fardeau sur leurs épaules. Une grand-mère très présente lors de la séparation de ses parents, observant une neutralité totale et restant en contact avec son ex-gendre (« Quand elle rédigea les faire-part, ma mère inscrivit le nom de mon père, de sa femme et de ma petite soeur juste en dessous des nôtres. Je pensai : Au moins cela aura servi à cela »).

Toutes ces facettes se rejoignent dans le souvenir de Sophie : « Il y avait une jeune fille amoureuse à la fin de la guerre en Auvergne. Il y avait une femme dévastée, mère seule, triste et dépassée. Il y avait une grand-mère parfaite, active et disponible. (…) Toutes se fondent en une désormais.». C'est le portrait d'une femme de sa génération, mais très moderne ; un portrait de femme magnifique toujours présente : « Elle est dans chacun des mots que je vais écrire ici (…) Aujourd'hui je me dis que dans ces carnets, il y a tout ce qu'elle m'a apporté. »

Un beau (et court) récit de transmission, souvent émouvant tant l'amour imprègne toutes les lignes, qui navigue entre tristesse (absence douloureuse) et bonheur (souvenirs heureux)… et qui m'a fait regretter que la seule grand-mère que j'ai connue ait été à des années-lumière de celle de Sophie ! Un récit écrit deux ans après la mort de la grand-mère de la narratrice ; empreint de nostalgie, délicat, serein et tendre, il vous coupe pour un moment privilégié de la violence et des affrontements de notre monde actuel.
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