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Critique de JML38


Chaque chapitre possède une phrase d'introduction. Pour le premier : « Où des complots se trament contre d'innocents philosophes » annonce que Voltaire a vraiment énervé certaines personnes, d'éminents chefs de police en l'occurrence, qui se sont réunis en secret à la Bastille pour ourdir contre lui un complot visant à l'éliminer définitivement du monde des vivants.

Dans le même temps le lieutenant de police général René Hérault, qui ne fait pas partie des comploteurs, propose comme il en a l'habitude depuis le début de la série un marché de dupes au philosophe. Il le charge d'enquêter sur la disparition de boucles d'oreilles chez la princesse de Lixen en échange d'une certaine bienveillance concernant ses écrits et ses activités commerciales pas toujours bien légales. Bien sûr en cas de refus de coopérer, Voltaire se verrait convier à un petit séjour aux frais du roi, à la Bastille justement.

Ne pouvant décliner une offre aussi tentante, il n'a d'autre choix que d'obtempérer, accompagné de la fidèle Émilie, avenante marquise du Châtelet, et de l'abbé Linant, dont la présence est pour Émilie « un mystère plus épais que celui de la gravitation newtonienne», mais dont la mémoire de l'estomac, une qualité qu'il possède comme personne, permet à Voltaire de recruter un cuisinier hors pair.

Sous la menace d'un tueur venu de nulle part, il prend également à son service un mendiant bien musclé qui l'a sauvé d'un méchant traquenard, complétant ainsi un aréopage hétéroclite, auquel il ne pourrait manquer qu'un chien s'il n'en avait pas déjà recueilli un.

Mais qu'en est-il des intrigues policières ? Voltaire résout l'affaire des boucles d'oreilles - solution que j'avais déjà lue dans un livre pour enfants de dix ans - entre deux discussions concernant un sujet qui le préoccupe au plus haut point : son élection à L'Académie Française qui continue à lui échapper alors que d'illustres illettrés l'ont devancé.

La mort d'un cuisinier réoriente temporairement l'histoire du côté du roman policier, sans pour autant déclencher une quelconque enquête pour trouver le coupable. L'organisation d'un grand mariage dans le but de sauvegarder ses intérêts financiers et les péripéties engendrées par ses inévitables « Lettres philosophiques » occupent ce cher Voltaire pour l'essentiel du récit.

Mais ce serait sans tenir compte de la sagacité de la marquise du Châtelet, dont la finesse d'esprit et la capacité de déduction permettent de relier entre eux des éléments a priori indépendants, de démasquer des personnes mal intentionnées, et d'éviter de plus tragiques événements.

Frédéric Lenormand rétablit au passage quelques vérités historiques. La fameuse crème qui a pris le nom du château de Chantilly où le prince de Condé donnait des fêtes à faire pâlir le roi lui-même, et qui est attribuée au célèbre Vatel, aurait été en fait créée par le pâtissier du philosophe. De même, Voltaire utilise, quelque deux cents ans avant Alphonse Bertillon, la comparaison d'empreintes de doigts pour innocenter un suspect. Il appartient aux historiens spécialistes de cette époque de valider ou non ces assertions qui n'engagent bien sûr que leur auteur.

Un peu en dessous de « La baronne meurt à cinq heures » et de « le diable s'habille en Voltaire » dans l'intensité jubilatoire, ce quatrième opus de la série reste néanmoins riche en trouvailles et m'a procuré de francs éclats de rire, ce qui, ne boudons pas notre plaisir, n'est vraiment pas négligeable.
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