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Critique de Ghiblitotoro


Qu'est-ce donc que l'impertinence du mot ? Quelle définition lui donner ?

Présenté comme un dialogue entre une femme du Nord qui interroge les mots et un écrivain du Sud passionné de mots, l'impertinence du mot n'est pourtant pas la correspondance que j'imaginais. Dans cor-respondance, il y a "réponse" et partage ("co-"), ici la communication se fait à sens unique, d'Hélène Tirole qui s'essaie à définir le mot à Jean-Robert Léonidas qui, la lisant, apporte sa contribution, son regard. S'il y a correspondance, c'est uniquement quand le lecteur , qui lit de l'un à l'autre, recrée les liens entre ses textes dont seul le second répond au premier. Mais pourquoi pas ?

Hélène Tirole apparaît alors comme une apprentie qui s'empare de concepts, parfois maladroitement, et Jean-Robert Léonidas comme le maître-mots, celui dont la plume s'autorise à divaguer, à détourner, à faire écho de différentes façons.

Ainsi, convoquant les mots des auteurs, dont on appréciera les citations belles et pertinentes, Hélène Tirole tente d'évoquer les différentes dimensions du mot : ce qu'il est, ce qu'il n'est pas ; le rôle que petits, nous lui avons attribué inconsciemment ; sa pertinence ou sa non-pertinence ; ce qu'il parvient à dire et tout ce qu'il ne dit pas ; ce qu'il éclaire du monde et ce qu'il obscurcit ; l'usage qu'on en fait, plus ou moins consciemment, plus ou moins adroitement ; comment il s'inscrit dans nos vies. Elle compare le mot et la littérature à la musique et dit son amour de la littérature.

Mais ma lecture des textes d'Hélène Tirole a souvent été un peu laborieuse. J'ai éprouvé des difficultés à les comprendre, car la langue de l'autrice se situait à mi-chemin entre la théorie et l'écriture poétique. le choix des citations était remarquable, mais les réflexions qui les accompagnaient, ne me parlaient pas toujours. Ainsi en a été de "Lire autrement", qui aborde les différents modes de lecture pour parler de la lecture rapide, que l'autrice enseigne. Parfois aussi, je trouvais l'idée insuffisamment approfondie (Il y aurait tant à dire à comparer littérature et musique !) ou le texte sans réel enjeu.

Les mots d'Hélène Tirole mots auraient sans doute couru le risque de rester lettres mortes si Jean-Robert Léonidas n'avait pas écrit en écho. Ses mots à lui montrent dans les faits ce qu'ils disent ; ils transcrivent son regard ; ils transcrivent ce qu'il est entre leurs lignes. Imprégnés du soleil Antillais, de sa faune et de sa flore, de sa musique, de son histoire et de sa posture, ils ajoutent le supplément d'âme auquel n'accède pas, selon moi, Hélène Tirole. Car pour parler des mots et de la littérature, il faut donner de soi.

La langue de Jean-Robert Léonidas est fluide, parsemée de souvenirs, d'impressions, de figures de style : elle nous entraîne à sentir, plutôt qu'à concevoir, à expérimenter, plutôt qu'à théoriser.

Les dessins de Jean-Louis Jacopin, qui ponctuent l'alternance des écrits d'Hélène Tirole et de Jean-Robert Léonidas illustrent à merveille les deux approches des auteurs : la conceptualisation de l'autrice et le rapport sensuel que l'auteur entretient avec les mots et la littérature.



Revenons donc sur le titre, L'impertinence du mot : une sacrée trouvaille ! L'ayant d'abord compris comme une liberté attribuée à l'expression, une liberté de jouer avec les mots, les sons, de détourner les concepts et d'oser dire au mépris du convenable, je me suis rendu compte, au fur et à mesure de ma lecture, que l'ouvrage montrait plutôt le manque de pertinence du mot, qui tel un outil imparfait mais qu'on adore utiliser, ne parvient à exprimer que de manière ambiguë et partielle notre rapport à nous-mêmes, aux autres et au monde. Si impertinence il y a (au sens audacieux du terme), elle se situe dans la posture de Jean-Robert Léonidas, qui répond à la prose d'Hélène Tirole, en faisant un pas de côté.
Lien : https://lacuriositheque.blog..
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