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Critique de docline


(Pour ceux qui se donneront la peine de lire, vous comprendrez ma grosse colère en sachant que je suis finistérienne)
L'idée de départ n'était pas mauvaise : Une parisienne, prof de fac, 50 ans, apprend que celle qu'elle prenait pour sa mère l'avait volée (avec la complicité du personnel d'un hôpital parisien en 1944, un peu dur à avaler mais bon...), puis que sa génitrice, petite bonne bretonne violée par son employeur, est retournée dans son pays.
Elle va donc partir à sa recherche, songeant au moment merveilleux des retrouvailles ….
Mais les deux femmes qui se rencontrent, sans jamais soupçonner le moindre lien entre elles, vont éprouver une violente antipathie spontanée – qui va aller jusqu'à la volonté d'assassinat.

Question : comment justifier un élan de haine mortelle entre 2 inconnues ?
Réponse de l'autrice : en faisant de la vieille femme une bretonne bien sûr …
Et donc tout le début du bouquin va tendre à démontrer au lecteur que par nature, les habitants du centre Finistère sont des potentiels tueurs de parisiens...

(p 31 : Elle avait lu que ce coin cumulait tous les records : alcoolisme, suicides, délires paranoïaques. D'ailleurs, plus que la pluie, les habitants lui pesaient avec leurs mains froides, des taiseux dépressifs et indifférents, embusqués derrière leurs volets clos, qui semblaient toujours vous observer.)
(P 32 : Elle avait détesté immédiatement cette boutique carrelée de beige et sa propriétaire, dont le silence moqueur avait la couleur du fiel.)

Ce bouquin cumule les erreurs culturelles :
* Dans le Finistère, personne ne dira d'un « bourg » que c'est un «VILLAGE» (même si un bourg est tout petit – ce qui n'est pas le cas du Huelgoat où est censée se dérouler l'histoire - , il est le lieu des commerces et de l'administration ; même si le village est plus grand, il n'est que rural (et résidentiel)
* Il n'y a pas de lycées d'Enseignement Général public dans un « bourg de 700 âmes » !
* La nomination d'un(e) prof agrégé(e) dans un lycée breton est un non-événement
(P 27 : Huit mois plus tôt, Marguerite atterrissait dans ce trou perdu, brassé par la pluie et le vent, coincé entre une forêt maléfique et un torrent qui gronde tel un fauve menaçant. le jour de son arrivée, le proviseur l'a présentée à ses collègues comme une déesse descendue de son Olympe, et ils l'ont immédiatement détestée. A leurs yeux, elle incarnait la Parisienne snob, prétentieuse, une anomalie sur leurs terres.
P 18 : Il fixe sa nouvelle recrue comme si elle était la Vénus de Milo. - Je vous présente Mme Renaud, agrégée de lettres classiques, que Paris nous envoie. C'est un honneur pour notre établissement, et pour vous, jeunes gens.
P 19 Ce n'est pas une prof revêche, cassante, accablée de frustrations.

-* 'P 191, à propos de la vieille bretonne: Désormais on l 'appelle la veuve Tanguy. Malheur à ceux qui s'installent au village sans venir courber l'échine à l'épicerie
> Non, non et non !, jamais des finistériennes n'appelleraient une voisine, une ancienne camarade d'école, une femme dont on sait de quelle famille elle vient, par le nom de son mari. Jamais.
Cette mode existe peut-être en ville, mais dans mon département les femmes mariées (ou veuves) gardent toute leur vie leur prénom et leur nom à ELLES ; alors un personnage féminin que sa meilleure amie désignerait comme « madame untel », c'est absolument inauthentique.

Je ne sais pas quel est le degré de sympathie de l'autrice pour les 2 personnages féminins auxquelles elle s'identifie (la prof parisienne et son élève préférée), mais
La prof manipule ses jeunes élèves (style le prof du film étatsunien « Le cercle des poètes disparus ») > L'ado-intello sous influence en devient un personnage un peu ridicule
(p 22 : Tu ne ressembles pas aux autres, tu as une pensée bien à toi, tu traceras ton propre sillon.
(ie : Tu devras suivre religieusement ma trace... bof.)
-Quelques compliments au seul garçon de la classe de 1ère réfractaire à l'enseignement de la prof-gourou P 177 et hop, elle le met dans son lit page 189 …
On n'est plus à une invraisemblance près

Je rajoute à ma liste que tous les personnages secondaires ont droit à des caractéristiques méprisantes de leur créatrice : les jeunes bretons de l'Argoat sont des maladroits poseurs de bombes admirateurs d'intellectuels nazis;
On nous mentionne un syndicaliste brestois ? Alcoolique magouilleur bien entendu ;
Et Monsieur le maire du Huelgoat en 1994 se laisse dicter les grandes décisions budgétaires par la vieille épicière ...

Bon, j'arrête .
Ce qui me choque le plus avec ce bouquin, c'est que l'autrice a réussi à se faire attribuer un prix « breizh » ( la nana est directrice du groupe « prisma media, je suppose que ça aide …)
Ce qui me chagrine c'est que la commune du Huelgoat la reçoive officiellement au lieu de porter plainte ...
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