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Critique de thedoc


« Lettres à mon père » est comme son nom l’indique un recueil de correspondances entre les pères et leurs enfants, qui s’étendent du Moyen Age à nos jours.
L’auteur Didier Lett, professeur d’Histoire et spécialiste de l’histoire de la famille, nous permet à travers un texte introductif de prendre connaissance de la situation familiale et des relations qui unissent chaque personnage évoqué à son père ou à son enfant. La lettre exposée ensuite est ainsi compréhensible pour le lecteur.
Ces échanges épistolaires, présentés chronologiquement, sont tout autant d’exemples de relations paternelles complexes. Pourtant, on peut dégager à la lecture de ces lettres des thèmes récurrents, et cela, quelle que soit l’époque : la demande d’argent (des étudiants du XIIIe siècle à leurs parents, Jules Renard à son père, mais aussi Victor Hugo ou encore Hector Berlioz aux leurs), la volonté de défendre un choix professionnel, le plus souvent artistique alors que le père souhaitait voir son enfant suivre la même carrière que lui, plus « sérieuse » (Jules Verne, Hector Berlioz, Gérard de Nerval), l’amour filial empreint d’admiration (Léopoldine Hugo, Paul Eluard, Anne Goscinni et Françoise Dolto), les tendres recommandations d’un père à son enfant (François Guizot à sa fille Henriette, un poilu à son fils, un résistant à sa fille, Einstein à son fils) et enfin les relations conflictuelles liées à un sentiment de crainte et d’incompréhension (Mirabeau, Mozart, Kafka).

La lettre qui m’a très certainement le plus touchée est celle de François Truffaut à son beau-père. Revenant sur son film « Les 400 coups » (en grande partie autobiographique) qui a provoqué l’indignation de ses parents, il proclame que ce film est certainement moins violent que la lettre que son beau-père lui a adressée. Et dans la longue réponse du cinéaste, celui-ci rappelle : « […] Maman me détestait tellement que j’ai cru, pendant un an, qu’elle n’était pas ma vraie mère. […] Non, je n’ai pas été un « enfant maltraité » mais simplement pas « traité » du tout, pas aimé et se sentant complètement de trop […] ».

Ces relations décrites entre un père et son enfant apparaissent finalement intemporelles. Apaisées ou conflictuelles, il ressort de manière évidente que dans chacune d’elles l’enfant espère la reconnaissance et l’amour de son père. Le fait même de continuer à écrire à un père qui vous a rejeté (je pense à Gérard de Nerval) montre à quel point ses reproches et son indifférence sont blessants pour l’enfant, même devenu adulte. Aujourd’hui, rien n’a vraiment changé, la figure paternelle (et maternelle mais ce n’est pas le sujet ici !) reste essentielle dans une vie. Enfin, la principale évolution est sans doute dans la façon dont les enfants s'adressent à leurs pères, avec une écriture plus familière où l'on n'hésite plus à exprimer clairement ses sentiments.

Merci à Babelio de m’avoir fait découvrir ce recueil instructif et émouvant où chacun peut certainement retrouver un peu de sa propre relation avec son père.
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