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Critique de Ana_Kronik


Quelle bonne idée que d'avoir "déterré" l'histoire du docteur Barry, ce médecin dont il aura fallu attendre le décès pour s'apercevoir que cet homme était en réalité une femme. Une histoire en tous points extraordinaire: première femme médecin du Royaume-Uni, et premier chirurgien à avoir réussi une césarienne sur le continent africain.

En dehors des archives militaires, on sait peu de chose d'elle/lui, ce qui a permis à l'auteure de broder, de lui inventer une vie romanesque, et de lui prêter des pensées intimes.

Née Margaret Ann Bulkley, la véritable docteur Barry fut contrainte pendant presque toute sa vie, si l'on excepte son enfance, de se déguiser, de cacher son corps, de prendre les manières autoritaires et les attitudes brusques d'un homme. Au point probablement d'exagérer les caractères masculins de sa personnalité.

Dans ce livre, le docteur fait montre de beaucoup d'esprit, dans la bonne société du 19ème siècle. Une société où par ailleurs, il s'intègre facilement, que ce soit à Londres, ou bien au Cap. Cet aspect "transfuge de classe" n'est guère exploité dans le roman, qui se lance - voire, se disperse - dans beaucoup de pistes pour mettre en valeur son héroïne: défenseur des noirs, anti-esclavagiste, se battant contre les charlatans qui proposent à prix d'or des potions nuisibles à la santé, et, bien sûr, féministe. Au passage, la critique de la colonisation britannique n'est pas oubliée, que ce soit en Afrique ou en Irlande.

Écrit dans un style qui fleure bon le rétro par ses dialogues soutenus, son académisme, le livre fait parfois le grand écart lorsqu'il s'agit du corps humain, depuis les autopsies de cadavre formatrices en Ecosse jusqu'aux interventions chirurgicales. le sang, les viscères, la merde, rien ne nous est épargné.

Le militantisme de l'auteure peut paraître simpliste et naïf, mais sans aucun doute, le point fort de l'histoire est de nous faire réfléchir à la place que tiennent les corps dans nos vies, à l'heure de l'hédonisme ambiant. Ce docteur était un homme ou une femme, ni l'un ni l'autre, ou bien les deux à la fois, mais après tout, est-ce vraiment cela qui est important?
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