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Critique de Cath36


Mon Dieu que ce roman est alambiqué ! D'une part, plagier la Genèse pour décrire les commencements d'un camp de réeducation communiste (sous Mao, c'est dire si c'est tordu) était un pari risqué mais je dois dire assez réussi, faisant ressortir la volonté dogmatique du principe de rééducation par le travail avec tout ce qu'elle a d'absurde, d'incohérent, d'illogique et d'inhumain ; d'autre part y mêler brutalement (sans transitions aucune) les récits de l'écrivain interné sur ce même camp et, dans la foulée, ses rapports adressés au parti ne contribue pas à ménager le lecteur pris au dépourvu par tant de bizarreries. D'autres écrivains ont réussi ce type de mélanges, mais là, carrément, c'est un peu loupé. "Forte, violente bouleversante" me paraissent des adjectifs un tantinet exagérés pour décrire cette oeuvre certes puissante, mais qui perd de sa force tant on a l'impression que l'auteur tourne en rond dans son récit comme ses personnages dans leur camp sans plus pouvoir en sortir. Reste l'efficacité de sa démonstration sur le plan relationnel où le rôle de la flagornerie et de la délation remplacent tout rapport humain digne de ce nom. Reste aussi la possibilité de transposer ce récit à l'époque actuelle, en se demandant, si, au nom de la rentabilité et de l'efficacité économique, les choses ont vraiment changé sur le plan humain... : " Sur l'aire vide de la cour, ils défrichèrent un terrain, y semèrent le maïs et eurent un champ expérimental. Puis, tandis que les pousses étaient hautes comme des baguettes, voici que devant chacune ils plantèrent une pancarte en bois et que sur cette pancarte un nom était écrit. Chaque criminel était responsable d'un plant, il était exigé que tous les trois ou quatre jours il se pique le doigt et le poignet pour faire couler le sang sur la racine."
D'abord enthousiaste au cours des premiers chapitres, j'ai vu ma flamme se refroidir peu à peu jusqu'à me demander si j'allais finir ou non ce livre. Je l'ai fini, et me suis dit qu'une civilisation qui transformait ses intellectuels en cannibales (à cause de famines, certes mais aussi à cause d'une idéologie qui cherche à détruire son élite et qui brûle les livres pour parer au froid) n'était effectivement pas une civilisation digne de ce nom. Ahurissante, délirante, ubuesque, absurde tel le Sysiphe qui se résigne à sa condition et y trouve même sa joie (cf dernier chapitre) , cette fable est un cauchemar éveillé, un peu tout de même à la limite du grand guignol.
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