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Critique de Tiphrom


Ce livre, je l'ai dévoré. Tourné les pages à grande vitesse, avec avidité.
D'abord, la simplicité – et néanmoins beauté – de l'écriture agit, installant le lecteur rapidement dans l'ambiance de la côte aquitaine. Embruns de sud-ouest, chaleur du sable et bruit des planches sur les vagues. Car tel est la première accroche : le surf. Pratiqué par les jumeaux Zachée et Tadée, les deux adolescents de la famille Chastaing. Ils sont beaux, musclés, bronzés, étudiants brillants, sportifs émérites.
Personnages attachants, on se fond dans l'intimité de cette famille parfaite, au sommet de sa réussite. Fierté parentale, richesse extérieure, sentiment d'accomplissement… Un (trop) beau portrait du bonheur moderne, celui auquel semblent vouloir nous destiner nos sociétés.
Puis Thadée, juché sur sa planche de surf à La Réunion, croise le chemin d'un requin-bouledogue qui le mutile terriblement. A la tristesse, à la douleur succède rapidement une rage, qui ne sera pas seulement celle de la blessure. Bien plus profonde, elle met en lumière toute la part d'ombre de la famille Chastaing. Celle du frère d'abord, le parfait Zachée ne l'est pas tant. Des parents aussi.
Trop peu peut être dit, le roman doit se découvrir. Selon une intensité croissante, le monde dans lequel vivaient les Chastaing s'effrite, puis s'effondre inexorablement. A chaque faille, l'occasion d'interroger l'identité individuelle, en mettant face-à-face la plus belle image que renvoie chaque personnage et ses plus sombres secrets, désirs et peurs.
Construit comme une narration chorale, où chaque chapitre emprunte la voix et le « je » d'un personnage de cette toile lentement tissée, le récit est aussi puissant que les personnages sont profondément sculptés. En tirer le maximum pour en sortir le pire. Chaque voix compte et apporte une clef à ce récit, qui ne saurait se résumer à un classique thriller : le fil du récit est imprévisible. Si les péripéties s'enchaînent, c'est bien davantage au service des personnages – de leurs failles et ombres surtout – et non de l'intrigue, qui nous surprend pourtant.
Les thèmes traités dans ce roman le sont souvent avec dureté, voire une cruauté nécessaire : la parentalité (ne cherchons-nous pas à nous aimer nous-mêmes à travers nos enfants avant de les aimer pour eux ?) ; la fratrie aussi (quelle place, quelle voix à la petite soeur, Ysé, lorsque ses deux grands frères sont si beaux, athlétiques et volubiles, lorsqu'elle se contente d'être plus timide, artiste et solitaire ?) ; le couple et ses pantomimes aussi.
Un livre magistral, qu'on ne lâche pas et qui ne nous lâche plus.
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