AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Paulette2


C'est un livre franchement noir qui s'avance dans la lumière aveuglante du plein soleil sur les corps parfaits. Son titre sublime, "Les Garçons de l'été", aidé par la si belle couverture Folio, déclenche des images irrésistibles de bains de mer, de bouches avides et de peaux bronzés. Pourtant c'est vers une attaque de requin que nous sommes dirigés dès les premières pages, à la suite de quoi Thadée, le surfeur attaqué, sera amputé : le récit va donc s'intéresser à ce que cette amputation déclenche - ou révèle - au sein de sa famille parfaite.
L'auteure commet ici sa première méchanceté, son premier coup de génie : elle va s'ingénier à pourrir son titre de l'intérieur. Oui, il s'agit bien de deux frères surfeurs surdoués, sublimement beaux, bronzés et aimés, mais leur histoire tirerait plutôt vers les turpitudes d'Abel et Caïn que vers la coolitude de The Endless Summer. Très vite, elle nous entraîne au large de la morale. Au début, avec humour: la scène où Mimi, la mère, observe son fils cadet faire l'amour sur la plage, en pleine nuit, jouant comme un jeune animal avec sa compagne Cindy, est à ce titre l'une des plus belles scènes érotiques que j'aie pu lire, déjouant le piège du glauque avec une liberté qui éclabousse.
Puis de manière de plus en plus dérangeante, jusqu'à l'insoutenable - j'avoue que j'ai un peu décroché sur la fin, lassée de cette noirceur: mais doit-on en vouloir à l'auteure de jouer le jeu du roman noir avec cette pureté ?
Ce que je trouve fantastique dans ce roman, c'est cette énergie sauvage qui le sous-tend de bout en bout, dans le récit de la joie des débuts, puis de l'envers de la joie, dans le grossissement épique de certaines scènes qui confinent au mythe, dans l'écriture percussive gonflée au plaisir d'écrire. Cette force de vie enlève le récit au-dessus du glauque triste facile auquel les péripéties finales semblaient pourtant nous condamner.
"Les Garçons de l'été" est écrit de cette manière dense et rapide des surfeurs au creux des vagues; il en a aussi la nécrose putride des chairs dévorées.
Commenter  J’apprécie          132



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}