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Critique de CasusBelli


"L'homme qui mit fin à L Histoire" constitue une expérience de lecture rare, je ne suis pas sûr d'avoir déjà lu un livre proposant, en à peine cent pages un tel concentré de réflexions sur autant de thématiques distinctes.
L'auteur va commencer par nous instruire d'un fait historique aujourd'hui avéré, à savoir que le Japon a largement rivalisé avec le régime nazi dans l'horreur pendant la seconde guerre mondiale. Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part je ne connaissais pas l'unité 731, soit l'équivalent d'Auschwitz au pays du soleil levant.
Maintenant, imaginez qu'une machine à remonter le temps vous donne la possibilité d'être le témoin oculaire d'événements tels qu'ils se sont réellement déroulés dans le passé, de voir de vos yeux ce qu'on vous a caché. Imaginez le fait d'assister à l'agonie de vos grands parents sur une table de dissection dans un laboratoire secret.
L'utilisation de la science fiction va permettre à l'auteur non seulement de nous instruire, mais de nous démontrer l'imposture des états concernant le devoir de mémoire, il nous parlera de négationnisme et des manipulations rhétoriques pour étouffer ou minorer la vérité, une vérité que deux scientifiques idéalistes voudraient faire éclater à la face du monde en donnant la preuve irréfutable de ce qui s'est réellement passé.
Qui pourrait être contre la vérité ? Personne à n'en point douter, c'est d'ailleurs la première impression générale qui va prévaloir et je dois dire que jusque là je n'étais pas plus impressionné que cela par ma lecture.
Ce qui m'a fasciné dans cette lecture tient dans la démonstration que toute vérité n'est pas bonne à dire, que le temps qui passe estompe les souvenirs et la volonté de les raviver. Ce qui m'a troublé aussi, c'est que les arguments pour le droit à l'oubli, surtout 60 ans après sont recevables d'un certain point de vue, autant que l'exigence du devoir de mémoire auquel je crois résolument, les deux points de vues étant bien sûr incompatibles et irréconciliables.
L'ambiance de ce roman passe de l'exaltation à la plus noire des mélancolies, car à la noblesse d'un idéal peut s'opposer la plus farouche hostilité usant de procédés le plus souvent déloyaux, et suivre les états d'âmes contrariés de nos scientifiques (à la façon d'un documentaire je le rappelle) va se révéler une lecture finalement très triste.
Je sors de cette lecture émerveillé par la subtilité de ce scénario qui, en plus de nous instruire, nous propose une vaste réflexion sur la complexité de nos convictions les plus profondes, cette façon d'opposer l'émotion à la raison nous donne à ressentir la finalité de ce que nous sommes, j'aime les textes qui favorisent l'introspection, ils nous aident à nous connaître mieux.
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