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Critique de 5Arabella


Cette pièce montée en 1608, appartient à un genre spécifique du théâtre espagnol pendant son âge d'or, l'auto-sacramental. Ce genre est né en partie à cause des réformes catholiques, qui ont souhaité rendre les fêtes religieuses plus décentes, et qui ont mit fin aux anciens jeux paraliturgiques, comme la Nativité ou la Résurrection. Ils seront remplacés en Espagne par les auto-sacramentals, crées à l'occasion des festivités de la Fête-Dieu, soixante-jour après Pâques, donc au printemps, moment favorable pour les représentations en plein air. Ces pièces allégoriques sont censées être des illustrations de l'eucharistie et des sermons en actions. le genre n'arrivera pas à se renouveler à partir de la fin du XVIIe siècle, et les représentations coûteuses, qui ne faisaient que reprendre des oeuvres du passé, seront définitivement interdites en 1765.

L'écriture de ces pièces ne sera pas l'apanage d'amateurs, mais des auteurs professionnels les plus importants, écrivant par ailleurs les comedias, les pièces profanes. Il faut dire qu'elles apportaient des ressources importantes aux troupes de comédiens, car les municipalités de grandes villes rivalisaient entre elles pour s'offrir les services des troupes les plus renommées et des auteurs les plus réputés. Cela donnait lieu à des spectacles somptueux, qui pouvaient ensuite, avec moins de moyens, tourner dans des villes de seconde ordre.

Lope de Vega, comme le ferra un peu plus tard Calderón (considéré comme l'apogée du genre), écrira des auto-sacramentals, il en a laissé une vingtaine. Il donne une grande place au couple sacré de l'Époux et de l'Épouse, et s'inspire beaucoup du Cantique des cantiques.

Nous retrouvons cela dans L'adultère pardonnée. L'âme (qui peut tenir lieu de l'Épouse) doit choisir entre deux candidats à l'union : le Fils de l'Homme et le Monde. Sur les conseils de la Connaissance de soi, elle choisit le Fils de l'Homme, malgré les exhortations de l'Amour propre, qui l'incite à choisir le Monde. le Fils de l'Homme devenu l'Époux, s'absente. Surgit le Monde, accompagné Du Plaisir, et l'Âme succombe. L'Époux revient, et constate ce qui s'est passé. Poussé par la Justice, il s'apprête à décapiter l' Âme coupable. Mais son bras est retenu par l'Église, qui le persuade de pardonner. La Pénitence et l'Eucharistie surviennent pour sceller définitivement le pardon et la réconciliation.

La pièce est très allégorique donc, de nombreux passages sont inspirés du Cantique des cantiques. D'une certaine manière, l'amour qui occupait une grande place dans les Comedias de l'auteur, l'occupe aussi dans ses pièces sacrées. C'est assez étrange à la lecture, très poétiques par moments, trop atypique pour pouvoir entrer dans les répertoire de théâtres actuel, alors que l'aspect visuel, grand spectacle, était un élément important, qui participait fortement au succès des pièces. On ne peut qu'imaginer maintenant ces spectacles.
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