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Critique de de


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06 novembre 2011
« La finance ressuscite à intervalles réguliers le rêve de vaincre sa pesanteur à elle : gagner plus à risque constant, ou risquer moins à rentabilité égale. »

Le propos de l'auteur est centré sur la crise financière et la nécessaire confrontation à la technique « la critique radicale est d'emblée préjugée illégitime quand bien même les événements ne cessent de lui donner raison. Surmonter cet obstacle exige de l'analyse critique qu'elle ne le cède en rien dans la technicité, alors que ce registre menace de l'éloigner de ceux à qui elle voudrait s'adresser en priorité. »

Et cet usage de la technique prépare son propre dépassement et « n'est pas autre chose que le prix à payer pour mieux accéder à un discours politique. »

Avec brio et humour féroce, Frédéric Lordon analyse en détail les mécanismes et les ingrédients de l'aveuglement de « la concurrence et la cupidité », le « fléau de l'innovation financière », « les effets catalytiques du moment de vérité » sans oublier « L'État, sauveteur pris en otage ».

Un par un, l'auteur démonte les mécanos financiers, décrypte les produits élaborés par les rapaces modernes, montre l'insanité de la titrisation itérative comme parade clownesque au risque et facteur principal de sa généralisation, les fausses promesses des dérivés de crédit, le mensonge collectif sur liquidité permanente, le crédit aux ménages comme drogue dure occultant la baisse de la part des salaires dans le partage des richesses, etc.

A juste titre, l'auteur en déduit qu'il faut « tout changer !»

Les propositions avancées en fin d'ouvrage me semblent plus discutables. Sans nier leur pertinence, il me semble que les réponses devraient être articulées aux propositions sociales et politiques qui tentent de répondre à la crise systémique du mode de production capitaliste.

Quoiqu'il en soit, le livre de Frédéric Lordon est une oeuvre salutaire et plus que nécessaire pour comprendre les mécanismes de la pagaille actuelle. Loin des discours convenus, avec une grande pédagogie, l'auteur nous permet d'accéder au concret derrière les brumes, les fantasmes et le délabrement de la pensée néolibérale.

« La déréglementation financière du milieu des années 1980 restera au total comme un cas d'école de l'ignorance crasse des enseignements de l'histoire et de la théorie économique la plus éclairée. »
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