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Critique de Vanros


L'auteur, universitaire anglais, veut démontrer que la guerre ne s'est pas arrêtée le 8 mai 1945, date de la capitulation allemande : le dépôt des armes n'aurait pas tout réglé ; des conflits sociaux, politiques et ethniques ont perduré.

Tout d'abord, l'auteur dresse un tableau apocalyptique : presque partout (la situation au Royaume Uni est très brièvement évoquée, et les pays non belligérants ne sont pas évoqués du tout, malgré le fait qu'ils ne seront pas à l'abri des conséquences de la guerre (je pense à l'Espagne particulièrement)), règne le chaos : partout, des morts, des absents, de la délinquance, du cynisme, des villes et campagnes sinistrées, des fonctions régaliennes plus assumées du tout par les états. pour pallier l'effondrement, s'agitent, avec plus ou moins de talents, des armées faites pour la guerre, transformées en administration.
Sur ce continent où plus rien ne fonctionne, domine une volonté de vengeance, surtout quand la population n'a pas confiance dans la justice : les collaborateurs sont poursuivis avec plus ou moins de sévérité (plutôt importante en France, mais très vite limitée, assez faible en Italie ou en Belgique).

Les armes se sont tues, mais des conflits souvent violents et armés perdurent : les questions sociales et la "lutte des classes" alimentent des mouvements plus ou moins insurrectionnels (en France et en Italie), tandis que la question raciale et ethnique persistent : les juifs survivants ne sont pas les bienvenus nulle part, tandis que des "nettoyages ethniques" prennent une ampleur jamais vue : près de 10 millions d'allemands sont contraints de quitter leurs terres, les polonais sont chassés d'Ukraine, tandis que ces mêmes Ukrainiens sont déportés par les polonais...d'après l'auteur, il s'agit là de l'achèvement de l'empire austro-hongrois, qui aurait réussi à faire vivre ensemble de multiples nationalités pendant dès siècles. Un pays arrive à étouffer les conflits ethniques : la Yougoslavie, sous la main de fer de Tito ; 45 ans après, ses peuples n'y échapperont pas ....

Les limites de cet ouvrage, à mon goût :

Les bornes temporelles (1945-1950)

Une place trop importante accordée au passé, tandis que ces mêmes années vont voir éclore des "signaux faibles", qui se seront révélés primordiaux à l'avenir ; des hommes politiques vont ainsi mettre en place une solidarité intra-européenne, à l'Ouest comme à l'est du rideau de fer, et les états sociaux naissent durant ces mêmes années : en France, en Allemagne, et surtout en Grande Bretagne ...

la décolonisation imminente n'est pas évoquée du tout ; néanmoins, le récit de l'intervention britannique en Grece, illustre la très grande difficulté de cette ancienne superpuissance à s'imposer sans l'aide de l'Amérique ....

Dans sa conclusion, remarquable par sa synthèse et sa "prise de hauteur", l'auteur rappelle que ces conflits nationaux, nourris par un discours nationaliste, sont malheureusement d'actualité : on ne pourra pas dire que l'on n'aura pas été prévenus, notamment par ce livre....
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