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Critique de Andarta


Avant toute chose, merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour cet exemplaire de « Nymphes ».
Didi est à l'âge des crises adolescentes et des premières amours. Didi porte un étrange tatouage sur le ventre. Didi est rousse, belle et attire le regard des hommes. Didi restera éternellement jeune à une seule condition : « nourrir » à chaque pleine lune la nymphe en elle, à la fois une bénédiction et une malédiction. Didi est aussi convoitée, protégée et manipulée. Dans ces conditions, aimer devient compliqué, aimer peut aussi se vider de son sens ou terroriser. Aimer, est-ce se battre ou abdiquer ? Didi se pose bien des questions, à commencer par sa propre nature, sa place dans ce monde, sur l'amour, sur les autres et sur son destin. Sa seule existence provoque bien des remous et elle se retrouve au centre d'un affrontement sans merci entre Nymphes libres, Satyres et les obscurs Tammi, affrontement dont finalement elle ne prend vraiment conscience que bien tard…
Ce roman est parcouru de sensualité mais aussi de violence, à la fois physique et psychologique. Aux règles de survie des Nymphes, dont l'existence est régentée par la lune, s'ajoute la brutalité et la force des Satyres, dont la soif de pouvoir et de richesse n'égale que leur volonté de se constituer une « harde » de Nymphes, qu'ils ravalent alors au rang de possession, le tout sur un fond de séduction/répulsion incontrôlable, d'éternel affrontement entre le féminin et le masculin. Les personnages souffrent dans ce roman. Tous, sans exception, quelle que soit leur place dans cet échiquier complexe.
Didi, évidemment se retrouve au centre et peut parfois énerver par sa naïveté et ses caprices d'enfant gâtée, voire ses bêtises et son inconscience chronique. Surtout que tout est fait pour montrer ce que sont prêtes à sacrifier ses gardiennes, Kati et Nadia et même Elina, qui remettent en jeu toute leur existence pour une légende vraie ou fausse qui désigne la jeune fille comme la Nymphe attendue pour une tache quasi messianique. Les ennemis sont tout aussi mal lotis et justement bénéficient d'un background qui les sort de la zone de noirceur absolue, puisque tous ont des motivations plus ou moins liées à une histoire ou à leur nature et qu'au final, ils n'y peuvent pas grand-chose : Frida, Erik et même la terrifiante Aurélia ne peuvent être jugés hâtivement, car tous ont un parcours de douleurs, parfois même de tortures, à la fois prédateurs et proies, en une ambivalence équivalente avec celle des « gentilles ». Difficile de prendre vraiment un personnage en grippe. Aucun n'est blanc comme neige ou n'est une pourriture absolue…
Il faut le dire, les mystères ont une grosse tendance à s'accumuler et comme Didi, nous cherchons les réponses, qui viennent ici et là, saupoudrées avec parcimonie, mais tout n'est pas résolu. Loin de là. de fait, cela donne à ce roman un univers bien plus complexe, plus construit et plus solide qu'il n'y paraît au premier abord, avec une vraie histoire pour chacun des personnages importants, une vraie psychologie qui reste cohérente d'un bout à l'autre, un lourd passé tissé entre Nymphes, Satyres et les Tammi, en un jeu de pouvoir subtil et souvent douloureux, entre rivalité, manipulation et trahison.
L'ensemble est porté par un style fluide et simple, un vocabulaire courant et efficace. La structure du roman lui-même privilégie les chapitres très courts (de deux à dix pages, environ), ce qui met en avant des actions courtes et rapides, évitant par contrecoup l'ennui et des descriptions balzaciennes. En contrepartie, il n'y aura pas non plus de longs développements psychologiques des personnages, ce qui implique que les portraits sont découpés et procèdent par touches, à chacune des apparitions, ce qui n'est pas plus mal.
Au final, je me suis prise au jeu et me suis laissée embarquer sans trop de réticence dans ce roman, qui fait donc partie de ma catégorie « heureuse découverte ».
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