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Critique de CAMELIABLEU


Une bande dessinée qui même admirablement humour et réflexions.
En Espagne, au cours du Xe siècle, les califes ont fait de l'émirat d'Al-Andalus un haut lieu de culture, enrichissant les bibliothèques de milliers de manuscrits et ouvrant des universités gratuites pour éduquer leur population. Mais ce n'est pas du goût de tous, les religieux en particulier ayant perdu une grande partie de leur influence. À la mort du calife Al-Hakam II, son vizir s'empare du pouvoir et pour l'asseoir décide de brûler tous les livres en dehors du Coran. Tarid, un eunuque qui a voué sa vie à la bibliothèque, s'enfuit avec les ouvrages les plus précieux à ses yeux pour les sauver de l'autodafé. Aidé par une jeune esclave copiste et un ancien élève devenu voleur, dont il a récupéré la mule très récalcitrante, il veut rejoindre une province où ses livres seront à nouveau mis à l'abri. Mais les fugitifs sont recherchés et les soldats du vizir sont partout.
Quel bijou que ce livre ! L'objet lui-même, avec ses tranches bleues, son ruban doré, son format, évoque les incunables si précieux de cette histoire. Quant à l'histoire elle-même, elle est aussi savoureuse que le traité de mathématiques d'Al-Khuwarizmi pour la mule. Ce voyage a tout d'une mission sublime pour tout bibliophile, mais ses protagonistes, bien aidés par les dessins de Chemineau, en font une épopée désopilante, où le terre-à-terre et les impedimenta contastent en permanence avec l'universalisme du savoir à préserver pour mieux le répandre. Car leurs pérégrinations sont émaillées de discussions hautement philosophiques sur la science, mais aussi les conditions pour y accéder, la liberté, l'esclavage, le pouvoir. Au-delà de l'Andalousie du Xe siècle, ce plaidoyer pour sauver et transmettre la culture résonne à travers l'histoire jusqu'à nos jours, où la liberté de lire, sur papier ou en numérique, est toujours un enjeu de pouvoir.
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