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Critique de YvonS


J'ai l'habitude de chroniquer des fictions ou des documentaires, dont je sais que l'auteur va très probablement les lire. Ma chronique n'est pas faite pour blesser, même involontairement. Quand je déteste, oui ça m'arrive, je n'en parle pas. Ce livre-là est très particulier. Il m'a bouleversé, touché au coeur. Et je ne voudrais pas involontairement blesser son auteur.

C'est une autobiographie.... Olivier Lusse Mourier, le Bétin c'est lui ; auteur-comédien-metteur en scène, il se confie. Vous parler de ce livre, c'est vous parler de sa vie, de sa famille. Alors, les mots que j'emploierai seront autant que possible les siens. Sa franchise est totale, sa sincérité évidente et les douleurs dont ce livre est rempli m'ont à la fois mis en colère et serré la poitrine. Je m'explique.

Le Bétin est un très beau petit garçon mais sa vie n'est pas un chemin de roses. Marguerite (il dit rarement Maman) est une femme fragile, immature, égocentrique, qui le repousse tout en réclamant son amour. Il l'aime malgré ses défauts, c'est normal, c'est Maman. Mais, il y a....... IL

IL, c'est le "père". Une "présence infecte et nocive". Je cite. Brutal, alcoolique, incestueux... (vous avez bien lu). Sadique, il invente à plaisir punitions et brimades, il insulte, frappe à coups de poing au foie, au ventre... un enfant. Entre l'âge de 4 ou 5 ans et celui de 13-14 ans, l'enfer avec de rares moments d'évasion, la culpabilité ressentie... être victime et se penser coupable. L'auteur ne raconte pas chronologiquement ses souvenirs. Ce sont comme des flashs quand ils reviennent à sa mémoire. On est avec lui. Dans sa tête... Lecture dense. J'ai eu besoin de faire des pauses. de respirer.

Et puis le foyer de la DDASS... Vous en connaissez beaucoup des enfants de 13 ans qui vont de leur propre chef au palais de justice demander à être retiré de leur famille ? L'errance de la fugue, et puis l'envie du métier d'acteur et ses dangers, ses prédateurs. Là aussi.

Olivier Lusse Mourier se livre sans fards, il fait aussi quelques portaits (transparents) de célébrités peu reluisantes ou, heureusement, bienveillantes. Mais il y a ce mal être terrible, effrayant... Alors, la psychanalyse pour éviter de sombrer dans la psychose. Et une femme extraordinaire...

Olivier et le Bétin ont fini par se rassembler. Se ressembler, dirait le psy à deux balles que je suis. le chemin a été long. Des décennies. Douloureux, compliqué. Mais quel courage, malgré les errements, quelle détermination au final. Et en parallèle à une certaine éclipse, quelle lumière ensuite...

Olivier Lusse Mourier le dit très clairement à la fin de la pièce :

"Je suis vivant. Vivant. Je suis le capitaine de ma vie !"

On n'a pas pu serrer sur nos coeurs ce petit garçon abusé, cloîtré, battu, pour lui apporter la tendresse indispensable à un développement harmonieux, alors on est heureux de voir l'artiste épanoui, l'homme heureux qu'il est aujourd'hui. Qui a trouvé la force de projeter sur scène son histoire, sa thérapie, sa victoire. L'émotion était très forte à la fin de la représentation, elle est présente tout au long de ce livre. Passez au-delà de vos craintes, âmes sensibles, l'enfant est à écouter et l'homme est à découvrir.

PS : Et ce livre devrait être lu par tout futur enseignant pour ne pas passer à côté d'autres enfants sans voir, sans comprendre.
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