Lors d'une de mes premières visites au Louvre, je me souviens d'avoir été frappé par les deux fresques peintes par
Botticelli pour la villa Lemmi: "Vénus et les Trois Grâces offrant des présents à une jeune fille" et "Un jeune homme présenté par Vénus ? aux sept Arts libéraux". Si je ne me trompe, elles étaient exposées dans le corridor qui s'ouvre en haut à droite du grand escalier de la Victoire de Samothrace (la seconde ne serait plus visible aujourd'hui?). Ce fut mon premier déclic en direction de l'art du Quattrocento. Depuis lors,
Botticelli n'a pas cessé de me charmer. Il concentre pour moi plusieurs caractères paradoxaux: une fraîcheur un peu grave, presque mélancolique; une présence sensuelle, charnelle, mais pas anatomique; une clarté nimbée de mystère.
Plus on approche de ce peintre qui représente par excellence le Quattrocento florentin, plus on perçoit la complexité et les incertitudes qui entourent son oeuvre. le catalogue de l'exposition qui s'est tenue au
Musée du Luxembourg en 2003 est excellent pour explorer diverses facettes de cette oeuvre complexe, dans ces dimensions médiévales et Renaissance, locales et internationales, sacrées et mythologiques. Les articles sont écrits par des spécialistes français, anglais ou italiens mais traduits en français. Ils nous permettent de découvrir la manière de
Botticelli, à l'opposé du sfumato de Léonard; son sens particulier de la perspective; sa façon de traiter les figures féminines, sensuelle jusque dans la figures de Madones; sa passion pour
Dante; son rapport au pouvoir des Médicis; l'influence supposée de Savonarole sur la deuxième partie de sa carrière. Et j'en passe, bien sûr. Bien plus qu'un catalogue présentant de rapides notices des oeuvres exposées, ce livre est une passionnante porte d'entrée sur l'ouvre de
Botticelli et le Quattrocento florentin.