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Critique de wellibus2


L'originalité du livre Marée montante est d'enquêter sur des lieux et des situations météorologiques emblématiques où se manifeste le réchauffement actuel de la planète.L'auteur a visité six endroits ou temps caractéristiques, parmi lesquels on trouve Tuvalu dans le Pacifique et l'Arctique avec l'Alaska, mais aussi les glaciers andins au Pérou,les sécheresses et tempêtes de sable en Chine , enfin les ouragans aux États-Unis et une saison de pluies intenses en Grande -Bretagne . Ce s voyages permettent à l'auteur de mesurer l' impact physique du phénomène (la fonte du permafrost, la hausse du niveau de la mer, les glaciers qui reculent...),mais aussi l'impact sur la faune et la flore ainsi que sur les habitants de ces régions.Il ne manque pas d'ailleurs de s'informer auprès de scientifiques qui surveillent ces phénomènes, parfois depuis fort longtemps dans des centres de recherche .

Voici quelques exemples tiré s des visites en Alaska, à Tuvalu et au Pérou . Nous partons en Alaska au chapitre 2, dont le titre « Alaska rôti » nous donne le ton.Comme dans beaucoup d'endroits de l'Arctique, les températures augmentent dix fois plus vite que dans le reste du monde. Ainsi, l'Alaska est le canari dans la mine de charbon, qui montre ce qui nous attend si le réchauffement s'accélère. Conséquences de ce réchauffement du permafrost : les maisons bougent, les routes s'écroulent et des bâtiments entiers sont avalés par des trous dans le sol. de même, la forêt boréale en pâtit (un quart a disparu depuis quarante ans) , mais de plus la côte s'érode par disparition de la glace qui la soutient, comme à Shishmaref. Il visite aussi d'autres lieux pour mieux mesurer les conséquences sur la pêche et la chasse pour les Eskimos, donc pour toute l'économie de cette région. le chapitre se termine par la recherche d'un ours polaire, dont il ne reste que 20 000 individus dans le monde ! Quand la glace ancestrale aura disparu (d'i ci à cent ans, d'après les prévisions des modèles), tout l'écosystème arctique actuel sera détruit, avec très peu d'options d'adaptation pour les animaux (ours , phoques,morse s, bélugas) comme pour les hommes qui en vivent .

Allons maintenant dans l'archipel du Tuvalu qui se trouve en plein Pacifique (un peu en des sous de l'équateur et à cinq cents kilomètres de l' Australie) et comprend neuf petites îles avec une superficie totale de 26 km2. La hausse du niveau des mers menace de submersion ces atolls de basse altitude. L'auteur y arrive alors que Tuvalu se prépare au pire : émigrer vers la Nouvelle-Zélande . Or celle- ci n'accepte que soixante-quinze personnes par an, alors que Tuvalu compte 10 000 habitants ! Quant à l'Australie , elle refusait tout dialogue sur les « migrations » et,d' ailleurs , ne voulait pas ratifier le protocole de Kyoto à l'époque de sa visite. On note deux aspects importants dans la discussion : l'eau monte graduellement et c'est donc une décision difficile à prendre (qui partira, qui restera avec le risque d' être englouti) ; les dirigeants participent régulièrement aux conférences de l'ONU sur le changement climatique (comme celle de Kyoto en 1997)où ils témoignent de leur problème,en soulignant que ce n'est pas leur responsabilité du fait de leurs faibles émissions de CO2. Tout cela est évoqué dans les décors paradisiaques de ces îles du bout du monde, qui donnent ce titre au chapitre « Pacifique , paradis perdu », et au livre « Marée montante » ! Ainsi, comme dit le météorologue du Vanuatu,« Changements climatiques : nos îles meurent à petit feu », et la géographie du Pacifique pourrait totalement changer dans cinquante ans . le chapitre s'élargit pour finir aux risques de montée de s eaux pour les zones deltaïques fortement peuplées qui pourraient concerner cent millions d'habitants en Chine, Égypte , Bangladesh et Nigéria.

Je termine ce panorama avec le Pérou où le retrait des glaciers andins intéresse particulièrement l'auteur, dans la mesure où son père avait déjà pris des clichés lors d' une mission géologique dans les années 1980 . Il s'agit de glaciers dans la cordillère blanche, dont les sommets avoisinent 6 700 mètres. Ces glaciers tropicaux ont un fonctionnement particulier, et il peut y avoir une fonte toute l'année ;en outre, ils alimentent en eau potable la capitale Lima et jouent là un rôle stratégique. Il va d'ailleurs lui-même observer le retrait des glaciers au cours d'une ascension difficile , où il attrape le mal des montagnes ! Voici quelques observations mentionnées : le glacier Broggi a reculé d' un kilomètre depuis 1930, il recule de 17 mètres par an aujourd'hui et la cordillère blanche aurait perdu 15 % de sa surface englacée de 1970 à 1997 ! Enfin, l'auteur, soucieux des conséquences concrètes, participe à un colloque sur les glaciers andins , où le président de l'Institut andin pour la glaciologie et l'environnement adresse une sévère mise en garde aux responsables de la distribution d'eau de la ville de Lima .

La conclusion du livre, intitulée « Feu d'enfer », n'est autre que le compt e rendu de la réunion de la Convention climat à La Haye en novembre 2000, auquel l'auteur a participé et qui se termina sur un échec,mais trouva une issu e positive six mois plus tard , à Bonn, en juillet 2001.Le rôle des ONG et des différents lobbies est bien retracé , les anecdotes aussi comme l'entartage du délégué américain Frank Loy. le livre est rédigé dans un style alerte et coloré, et ressemble souvent à un carnet de bord de voyageur, où l'on trouve des contacts et des conseils comme dans un guide de voyage.Il faut aussi souligner le courage dont a fait preuve l'auteur pour affronter ces situations difficiles, où il a parfois risqué sa vie : les glaciers andins à 5 500 mètres où il attrape le mal des montagnes, les tempêtes de sable dans le désert de Gobi, les ouragans aux États-Unis. Alors, ne manquez pas ce voyage de l'Alaska au Pérou, de la Chine à Tuvalu,de l'Europe aux États-Unis, pour partager une expérience exceptionnel.
Régis Juvanon du Vachat

http://www.researchgate.net
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