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Critique de Dionysos89


Scott Lynch, Locke Lamora, Camorr, les Salauds Gentilshommes… autant de noms dont ma chère fan de fantasy me faisait l'éloge depuis un bon moment et bien lui en a pris !

Une fois n'est pas coutume, intéressons-nous, en premier lieu, au « blurb » qui illustre la quatrième de couverture. Les « blurbs » sont ces petits mots venant d'autres écrivains qui accompagnent les nouvelles sorties pour les faire vendre. C'est récemment devenu un business incroyable et l'usage est maintenant devenu complètement fallacieux, la plupart du temps en tout cas. George R. R. Martin nous dit, textuellement : « Ce roman m'a captivé dès la première page et ne m'a laissé aucune porte de sortie. Une histoire fraîche, originale et captivante racontée par une brillante nouvelle voix de la fantasy. Locke Lamora est un bandit plein de charme et la cité de Camorr un décor fascinant et magnifiquement dépeint qui rivalise avec Lakhmar et Ambre. » Là où beaucoup multiplient les éloges creux qui lassent le lecteur au possible (je vous conseille d'ailleurs un excellent article du non moins très bon site Elbakin : http://www.elbakin.net/edition/18278-La-mode-des-blurbs-dans-ledition), G. R. R. Martin a au moins la délicatesse de citer des aspects significatifs de l'oeuvre : il l'a donc lue, déjà ! Mis à part sa première remarque, je suis d'accord avec lui en tout point ! En effet, le long prologue est intéressant, mais plutôt difficile à aborder et à suivre, pour moi en tout cas : toutefois, l'univers donne franchement envie d'aller plus loin, alors autant ne pas s'arrêter à ça ! Beaucoup trop de lecteurs, je trouve, s'arrêtent au bout de quelques pages, mais si vous entamez un tel pavé, vous devez vous douter qu'il va falloir se plonger dedans avec ardeur pour ne pas décrocher ! Ensuite ? Eh bien, par la suite, la magie de Camorr vous émerveillera tellement et le rythme endiablé vous fera passer un tel agréable moment en la compagnie de Locke Lamora et ses joyeux drilles, que les pages finiront par se tourner toutes seules !

En effet, avec ces Salauds Gentilshommes, nous ne pouvons que nous émerveiller devant le talent incontestable de Scott Lynch, débutant déjà adoubé par tant d'auteurs reconnus ou en passe de l'être. Comment fait-il donc pour avoir une imagination aussi débordante ? Une telle facilité d'invention dégouterait presque d'écrire un jour, car comment faire mieux ? L'auteur nous offre, en pâture à nos imaginaires foisonnants, une ville, que dis-je une ville ? une merveille ! Camorr ! Une cité ayant autant de facettes qu'un kaléidoscope, et autant de ruelles sordides que Sin City en mode fantasy… Et puis que dire du contexte de fond ? Totalement ahurissant tellement il recèle de merveilleuses idées à exploiter : avec sept tomes prévus, Scott Lynch a de quoi exploiter et enrichir son univers à l'infini, d'autant plus que sa vision de certaines scènes, lieux ou personnages est complexe et affinée à souhait. Pour l'exemple, je repense surtout à une scène mémorable où Locke Lamora visite quatre fois un hall de banque en moins de trois heures avec quatre accoutrements différents, et Scott Lynch arrive à faire vivre à chaque fois la scène de manière différente sans jamais se répéter ou lasser son lecteur en quoi que ce soit. Je ne m'étendrai pas davantage sur le talent de conteur de Scott Lynch, car vraiment il y aurait des exemples à l'infini, mais, pour tout dire, nous avons ici l'un des mondes de fantasy (voire même tous les mondes créés un genre en littérature, et ceux de fantasy sont bien au-dessus de la moyenne en matière de toile de fond…) les plus développés que je puisse connaître. Et le tout fait baver à souhait !
Enfin, j'aimerais m'attarder un peu sur le style propre à Scott Lynch. En effet, au service de son imagination plus que fertile, il nous délivre un récit aux notes chantantes et aux parfums enivrants. Des scènes bien sales (dans tous les sens du terme : au propre comme au figuré !) jalonnent cet univers glauque, où peu de ruelles invitent à sourire, mais qui invitent heureusement à la fête de temps en temps. le style de Scott Lynch est admirable quand il s'agit de rendre Camorr grouillante, pouilleuse, qu'on ressent vraiment dans nos tripes… Il démontre ici qu'il a l'art de réunir tous les éléments d'une intrigue passionnante, forte d'un côté putride assumé ! D'ailleurs, vu le langage choisi et certaines scènes sanglantes, ce n'est évidemment pas à mettre entre les mains des plus jeunes lecteurs de fantasy, mais avec un peu de maturité et d'expérience de lecture, ce roman ne peut que ravir par son monde plein de surprises, son style chaloupé et ses expressions pittoresques.

On ressort donc de cette lecture à bout de souffle et empli d'une satisfaction sans borne ! Une seule envie ne peut alors envahir le lecteur qui a eu le cran et l'honneur de passer Les Mensonges de Locke Lamora : « par la dame Très Équitable et le Gardien Véreux, il faut vite que j'enchaîne sur Des Horizons Rouge Sang ! »

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